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RD Congo : la “grande angoisse” des premiers déplacés de Goma, de retour après l’éruption volcanique

Depuis mardi 8 juin, les populations déplacées de la ville de Goma dans le Nord-Kivu dans l’est de la République démocratrique du Congo (RD Congo) regagnent progressivement leur ville, qu’ils avaient dû quitter précipitamment après l’éruption volcanique du 22 mai. Si certains ont pu retrouver leurs maisons plus ou moins en état, d’autres sinistrés ont tout perdu. 

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Plus de deux semaines après l’éruption qui a fait au moins 32 morts et détruit entre 900 et 2500 maisons selon des ONG, le gouvernement a autorisé lundi 7 juin, un retour progressif des populations chez elles. A Saké, ville située à une trentaine de kilomètres au nord de Goma, des bus ont été mis à disposition par les autorités provinciales du Nord-Kivu pour ramener gratuitement les milliers de déplacés qui y avaient afflué pour fuir l’éruption du volcan Nyiragongo. 

Selon Patrick Muyaya, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement central, un calendrier a été établi pour convoyer les populations depuis les différentes villes où elles ont trouvé refuge. 

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Pascal a déjà retrouvé sa maison après l’avoir abandonnée pendant plus d’une semaine. Il vit à Mabanga Sud, un quartier de Goma qui n’a pas été touché par les coulées de lave mais qui a été évacué en raison des secousses sismiques et des risques de nouvelles éruptions. Sur les dix-huit quartiers que compte la ville, dix avaient été durement touchés par l’éruption du volcan. 

“La ville n’est pas encore très bruyante mais les commerces ouvrent progressivement”

Ma maison est intacte. Mais il y a encore des fissures dans les murs à cause des tremblements de terre. J’ai un peu de chance parce que mes affaires sont toujours là. D’autres habitants ont été malheureusement volés par des bandits qui ont profité de leur absence pour opérer.

Je suis rentré chez moi parce que les conditions étaient difficiles à Saké. Les ONG font beaucoup d’efforts, mais il n’y a pas suffisamment de vivres et d’eau potable. A l’annonce du gouvernement, j’ai donc voulu rentrer pour reprendre le travail.

La vie reprend tout doucement à Goma. La ville n’est pas encore très bruyante mais les commerces ouvrent progressivement. Certes, il n’est pas exclu qu’il y ait de nouvelles éruptions mais pour le moment cette peur est dissipée parce que les experts de l’Observatoire volcanologique de Goma (OVG) nous ont rassurés.

D’après Le Monde, près de 400 000 personnes ont été affectées par l’éruption volcanique. Mais comme Pascal, plusieurs milliers de personnes dont les maisons n’ont pas été endommagées ont entrepris de rentrer chez elles.

“Les aides ne suffisent pas. À peine tu entres dans la queue que la nourriture est déjà finie”

L’avenir est bien plus sombre pour les sinistrés qui vivaient dans la partie nord de la ville, durement touchée par l’éruption volcanique.

Lucie, commerçante, habitait à Bouhéné, l’un des principaux quartiers dans le nord de Goma. Après le drame, elle a été accueillie avec ses six enfants par un parent à Rutshuru, ville à près de 70 kilomètres de Goma et vers laquelle ont également convergé des milliers de sinistrés. Elle affirme avoir tout perdu.

Le volcan a brûlé toute ma maison. Je vendais du poisson. Mes marchandises, tout ce que j’avais dans ma maison est parti en fumée. Il ne reste que des pierres. C’est avec le peu d’argent que j’avais sur moi que je suis venue avec ma famille à Rutshuru.

Mais ici nous souffrons beaucoup. Nous ne pouvons pas être complètement à la charge de nos hôtes. Nous avons difficilement accès aux vivres qui nous sont envoyés par les ONG. Il y a tellement de monde à satisfaire que les aides ne suffisent pas. À peine tu entres dans la queue que la nourriture est déjà finie.

Le gouvernement a dit qu’on pouvait rentrer : je veux bien rentrer à Goma mais où est-ce que je vais habiter ? C’est très difficile de se projeter. Je ne sais même pas par où commencer. Le gouvernement doit nous aider à reconstruire nos maisons, nous trouver des parcelles et surtout nous aider financièrement pour qu’on puisse relancer nos activités économiques.

Il faut une assistance transitoire pour venir en aide aux sinistrés

Selon le calendrier établi par les autorités,  les départs des déplacés de Rutshuru vers Goma seront organisés les 11 et 12 juin. Mais selon Josué Kabanza, bénévole pour le collectif “Goma actif” qui regroupe plusieurs organisations de la société civile, certains sinistrés ont déjà quitté la ville de leur propre initiative ou avec l’appui des ONG comme la fondation Virunga.

Certaines personnes n’ont pas attendu l’annonce des autorités pour retourner à Goma. Ils étaient dans des situations pas très confortables. Pour les uns, il n’y avait plus assez d’argent pour payer leurs chambres dans les hôtels, beaucoup d’autres dormaient soit à la belle étoile devant des boutiques, sur la pelouse du stade de la ville ou même dans leurs propres voitures. Donc retourner à Goma est un peu comme un soulagement pour eux.





Ceux qui n’ont pas les moyens attendent les bus affrétés par les autorités. Mais c’est la grande angoisse. Parce qu’on ne sait pas encore comment cela va se passer à Goma. L’Etat va-t-il construire des abris provisoires le temps de trouver une solution définitive à ceux qui ont perdu leur maison?

Il faudra aussi soutenir tous ceux qui ont perdu leurs activités économiques, grâce à une assistance transitoire pour leur permettre de reprendre leur vie en main. Jusque-là, aucune organisation ne s’est engagée dans ce sens-là. C’est le grand saut dans l’inconnu pour des milliers de gens.

Le gouvernement a évalué à 16 milliards de francs congolais (près de 7 millions d’euros) le coût de l’aide d’urgence (alimentation, transport, santé) aux déplacés qui vont rentrer. Et pour éviter les drames à l’avenir, le ministre de l’habitat et de l’urbanisme a préconisé selon RFI une relocalisation de la partie la ville la plus exposée au volcan sur de nouveaux sites.

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