Les ministres des affaires étrangères et de la défense de l’UE devraient débattre de ce qu’ils peuvent faire de plus pour aider l’Ukraine, après que la Chambre des représentants américaine a finalement approuvé un programme massif d’assistance militaire pour Kiev. Mais les retards politiques à Washington ont été compensés par des blocages bureaucratiques affectant les fonds promis par plusieurs Etats de l’UE à un fonds administré par leur allié de l’OTAN, le Royaume-Uni, écrit le rédacteur politique Nick Powell.
Mieux vaut tard que jamais” résume la réponse lasse, quoique reconnaissante, du président Volodymyr Zelensky à l’égard du paquet d’aide militaire de 61 milliards de dollars destiné à l’Ukraine. Il a déclaré que cette aide pourrait sauver des milliers de vies, une réprimande implicite destinée à rappeler aux politiciens américains le prix du sang que son pays a payé pour des mois d’atermoiements au Congrès.
Mieux vaut ne jamais tarder”, tel était son véritable message. Au moins, l’aide américaine devrait commencer à affluer dans les jours qui viennent. Mais il a été révélé que plus de la moitié d’un fonds militaire de 900 millions de livres sterling pour l’Ukraine, géré par le ministère britannique de la défense, a été bloqué par des retards bureaucratiques dans l’attribution des contrats.
Le Fonds international pour l’Ukraine, dirigé par le Royaume-Uni, a reçu des dons de neuf pays, dont la Norvège (119 millions de livres sterling), les Pays-Bas (110 millions de livres sterling), le Danemark (133 millions de livres sterling), la Suède (26 millions de livres sterling) et la Lituanie (5 millions de livres sterling). Décrit comme “un fonds flexible et peu bureaucratique”, il a également attiré des fonds de l’Islande (3 millions de livres), de l’Australie (26 millions de livres) et de la Nouvelle-Zélande (4 millions de livres).
La somme la plus importante, 500 millions de livres, a été versée par le Royaume-Uni lui-même, mais son ministère de la défense n’a dépensé que 404 millions de livres, laissant toutes les contributions des autres pays complètement inutilisées. Le retard est imputé à la nécessité d’évaluer individuellement chacune des entreprises candidates à la fabrication des armes et des équipements, des centaines d’offres ayant été reçues.
“Le gouvernement britannique tarde à mettre un nouveau matériel crucial à la disposition des Ukrainiens”, a déclaré John Healey, secrétaire d’État à la défense du parti travailliste d’opposition. “L’accélération de ce processus bénéficierait du soutien des travaillistes”, a-t-il ajouté, réitérant le soutien de son parti à la cause ukrainienne.
Un porte-parole du ministère de la défense a déclaré que le Fonds international pour l’Ukraine, dirigé par le Royaume-Uni, “fournit régulièrement des armes pour répondre aux besoins les plus urgents de l’Ukraine, notamment des capacités de défense aérienne, des drones et du matériel de déminage, avec plus de 900 millions de livres sterling promis jusqu’à présent par neuf pays”.
“Des milliers de réponses ont été reçues de l’industrie aux exigences du Fonds international pour l’Ukraine, et chacune d’entre elles a dû être examinée individuellement. Nous ne nous excusons pas d’avoir veillé à ce que cela soit fait correctement et de la manière la plus efficace possible pour aider l’Ukraine”.
Entre-temps, le vote des États-Unis a suscité des messages de la part de plusieurs dirigeants de l’UE, selon lesquels il devrait être un signal pour l’Europe d’en faire plus pour l’Ukraine.
“J’espère que ce vote encouragera tous les alliés à fouiller dans leurs entrepôts et à faire davantage”, a déclaré le premier ministre estonien, Kaja Kallas, sur X.
“Il est également temps de se rappeler que l’UE doit maintenant augmenter sa propre production d’armements, de munitions et de fournitures pour aider l’Ukraine à long terme”, a déclaré le ministre suédois des affaires étrangères, Tobias Billström.
Le ministre tchèque des affaires étrangères, Jan Lipavský, a déclaré sans ambages que “notre hésitation et notre indécision à soutenir efficacement l’Ukraine ne font que motiver le Kremlin à poursuivre son agression, au prix de nouvelles vies”.
Lorsque les ministres ukrainiens des affaires étrangères et de la défense prendront la parole lors d’une réunion de leurs homologues de l’UE à Luxembourg, ils espéreront que ces paroles seront suivies d’effets.
La livraison de systèmes de défense aérienne, que plusieurs pays européens pourraient envoyer à l’Ukraine dès demain s’ils le souhaitaient, est peut-être la prochaine étape la plus facilement réalisable et constituerait une réponse efficace aux bombardements accrus de la Russie sur les infrastructures du pays.
