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Paris laissera-t-il les pressions de Téhéran frapper l’opposition iranienne et l’état de droit en France ?

Alors que les sujets de tensions se multiplient entre les démocraties occidentales et la théocratie iranienne, comme ses entorses alarmantes en matière nucléaire, ses fournitures de drones à la Russie contre l’Ukraine et sa sinistre diplomatie des otages, le long entretien téléphonique d’Emmanuel Macron avec son homologue iranien Raïssi le 10 juin soulève de nombreuses questions.

La première et sans doute la plus importante étant celle des concessions que Téhéran a tenté d’arracher ou obtenu dans cet appel fleuve de 90 minutes. Si elles avaient porté sur le nucléaire, l’Iran l’aurait claironné, si elles avaient porté sur les armes livrées à la Russie, Moscou se serait fendu d’une mise au point. Or le silence de l’Elysée et la confiance des médias officiels iraniens d’obtenir des concessions de la France laissent à craindre que la cible essentiel des pourparlers pourrait bien être l’opposition iranienne dans l’Hexagone, sans compter la liberté d’expression. Ce serait alors l’état de droit et l’image de la France qui afficheraient leur vulnérabilité au chantage des autocrates.

Des experts interrogés avancent pour preuve que Kazem Gharibabadi, le chef adjoint du pouvoir judiciaire iranien chargé des affaires internationales, a expliqué l’an passé que depuis 2021 “il n’y a pas eu de réunion entre nous et les délégations européennes où nous n’ayons parlé “du principal groupe d’opposition, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI). Et d’ajouter que cela s’inscrit dans une “très bonne campagne conjointe pour exercer une forte pression sur les pays qui accueillent” l’OMPI.

On comprend d’autant mieux la longue tractation téléphonique que cette opposition et la coalition dont elle fait partie, le Conseil national de Résistance d’Iran (CNRI), dont le siège est situé en banlieue parisienne, ont appelé à une grande manifestation le 1er juillet à Paris. Le cortège marchera en soutien au mouvement de révolte en Iran et contre la montée en flèche des exécutions dans ce pays. Le CNRI rassemble chaque année des dizaines de milliers d’Iraniens de la diaspora et de nombreuses anciennes autorités de divers pays dans un congrès imposant au début de l’été. L’évènement en 2018 avait été la cible d’un attentat à la bombe neutralisé et à l’arrestation d’un diplomate iranien, Assadollah Assadi, condamné à 20 ans de prison en Belgique.

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Au mois de mai dernier, une étonnante déclaration d’une centaine d’anciens chefs de gouvernements et de chefs d’Etat du monde entier appelaient les dirigeants actuels des Etats-Unis, du Royaume Uni, du Canada et de l’Union européenne à « se tenir aux côtés du peuple iranien dans sa quête de changement et à prendre des mesures décisives contre le régime actuel ». La lettre mettait en avant le programme du CNRI, et soulignait que de meilleurs résultats pourraient être obtenus dans les négociations futures en augmentant plutôt qu’en allégeant la pression sur Téhéran.

Or c’est la ligne de l’allègement qui est en passe de prendre le dessus. En mai, Bruxelles a libéré Assadi en échange d’un travailleur humanitaire belge que Téhéran avait pris en otage en représailles. L’échange a soulevé une vague de critiques affirmant que cela ne ferait qu’encourager l’Iran à mener d’autres attentats terroristes sur le sol européen.
De fait, une dépêche de l’AFP a rapporté le dimanche 11 juin qu’un bureau local d’une association humanitaire proche du CNRI dans la banlieue parisienne avait été visé par un engin incendiaire. La police aurait ouvert une enquête sur un incident similaire au même endroit le 31 mai.

Nul n’ignore que le mouvement de révolte déclenché en Iran par le meurtre de la jeune Mahsa Amini par la police des mœurs, a durement ébranlé la théocratie. L’ampleur et la politisation des protestations visaient radicalement le cœur du pouvoir. La répression féroce est avant le signe de l’ébranlement du régime. Le soutien international auquel travail le CNRI et la démonstration de force avec cette grande manifestation agite singulièrement Téhéran. Si la France cède sur les libertés fondamentales en faisant obstacle à Paris à la plus grande manifestation contre la dictature religieuse iranienne, elle enclenchera un cycle sans fin de surenchère de la part des maitres-chanteurs, tout en bradant ses valeurs. Ce serait une triste image d’une France se montrant impuissante face aux chantages des dictateurs.

 

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