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“Pas résignés” : à Paris, les manifestants disent toujours non à la réforme des retraites

La quatorzième journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites a réuni à Paris, mardi, moins de monde qu’au plus fort de la contestation entamée au mois de janvier. Au-delà du passage de l’âge légal de la retraite à 64 ans, les manifestants rencontrés par France 24 ne se “résignent pas” à accepter le fonctionnement institutionnel actuel, considéré comme “fondamentalement injuste”. Reportage.

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L’esplanade des Invalides est baignée de soleil, mardi 6 juin, pour la 14e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites. Ici, les manifestants se réunissent encore timidement à la mi-journée. L’affluence semble loin des mobilisations record observées depuis six mois.

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Une impression confirmée par les chiffres donnés en fin de journée par la CGT, pour qui 300 000 personnes ont manifesté à Paris. La préfecture de police avance, elle, le chiffre de 31 000 manifestants dans la capitale. Depuis le début du mouvement en janvier, ces chiffres se rapprochent des deux journées de plus faible mobilisation, les 16 février et le 11 mars. Le 31 janvier, lors de la deuxième journée, la CGT avait revendiqué 500 000 manifestants à Paris, contre 87 000 selon la police, la plus forte mobilisation de ces trente dernières années.

Plus d’un mois s’est écoulé depuis la dernière, en date du 1er-Mai. De l’eau a coulé sous les ponts de la Seine avoisinante : deux décrets ont notamment été publiés au Journal officiel, dimanche, dont un reportant l’âge de départ de 62 à 64 ans – l’un des principaux points de tension de la réforme des retraites.


L’ambiance est bon enfant aux Invalides et la température monte progressivement. Les sonos sont déjà réglées au volume maximum avant le départ du cortège, les manifestants se restaurent aux stands de merguez, sandwichs et boissons sous le regard des forces de l’ordre. Ces dernières, présentes en nombre, bloquent les accès au pont Alexandre III – qui mène vers les Champs-Élysées et le palais de l’Élysée – et les rues qui conduisent à l’Assemblée nationale.

C’est là-bas, à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau, que doit être débattue, jeudi, la proposition de loi Liot visant à abroger le report de l’âge légal de départ à la retraite, à condition que la majorité présidentielle ne brandisse pas l’article 40 qui rendrait cette proposition mort-née.

>> À lire aussi : Retraites : “Ces manœuvres alimentent le discours sur le déni de démocratie”

Françoise est d’ailleurs venue manifester, entre autres, pour cette raison. Cette infirmière âgée de 64 ans, tout juste retraitée de l’hôpital public depuis quelques mois, estime qu’”il faut défendre les droits du peuple par rapport aux magouilles gouvernementales.”

Indignée par la situation politique actuelle, elle ajoute que l’exécutif “fait en sorte que la proposition de loi Liot ne passe pas en ayant recours à des manipulations diverses et variées”. Une référence aux multiples articles de la Constitution utilisés par la majorité présidentielle depuis le début du chemin parlementaire de la loi sur les retraites pour contourner un vote des députés sur le texte.

“J’en ai pleuré de la façon de fonctionner du gouvernement”

“Pas résignée”, Françoise veut “continuer à se battre pour enrayer le détricotage des acquis sociaux par le gouvernement.” Elle conteste le bien-fondé de cette réforme en parlant de son cas personnel : “J’ai des soucis de santé, je n’aurais jamais pu travailler jusqu’à 64 ans et sans ça je n’aurais pas pu finir de rembourser le prêt pour ma maison. Les gens doivent avoir le droit de finir le travail à 60 ans. Il y a des métiers à risques comme les égoutiers, eux ils seront morts avant 64 ans.”

Près du pont Alexandre III, le collectif féministe en bleu de travail les Rosies donne de la voix. À proximité, un cercueil repose à la verticale sur le bitume. On peut lire dessus le chiffre 64 barré, à côté duquel est écrit : “Ta nouvelle caisse de retraite.”


Le cortège s’élance peu après 14 h. Les syndicats se succèdent en rangs d’oignons sur l’esplanade des Invalides pour ce qui ressemble à un baroud d’honneur, à l’image des propos du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui a déclaré, avant la manifestation, que “le match est en train de se terminer”.

Mais cette déclaration n’a pas démotivé Christine, adhérente du même syndicat et mobilisée à chaque journée de manifestation intersyndicale depuis janvier. “Il faut se mobiliser, se battre jusqu’au bout”, explique cette banquière âgée de 64 ans, à la retraite dans quelques mois.

Comme Françoise, elle estime qu’”il y a un problème de démocratie, d’égalité et de solidarité” avec cette réforme des retraites. “J’en ai pleuré de la façon de fonctionner du gouvernement”, confie cette femme, qui trouve la situation actuelle “fondamentalement injuste”.

Mère de quatre enfants, elle a dû interrompre sa carrière par intermittence, “près de dix ans au total.” Elle précise : “Cette réforme ne va pas corriger l’injustice entre les hommes et les femmes. Et si on ajoute à cela la pénibilité… Je le vois bien. À mon âge, c’est difficile de tenir un travail, et les gens ont aussi souvent des problèmes de santé.”

“Vous croyez vraiment que je vais tenir encore dix ans au travail ?”

Le cortège poursuit son chemin dans une ambiance plutôt festive sur le boulevard des Invalides, puis sur celui du Montparnasse. Des manifestants font tinter des instruments de cuisine, un rappel des “casserolades”, alors que d’autres chantent : “La retraite à 60 ans, on s’est battus pour la gagner on se battra pour la garder”.

À quelques dizaines de mètres, au niveau de la CFE-CGC, c’est ambiance fanfare : des manifestantes défilent à grands renforts de tambours. Les pancartes sont aussi nombreuses. Beaucoup pointent un “déni de démocratie” avec la réforme des retraites, d’autres – plus féministes – estiment que “la cup est pleine”.


“Il y a une dérive politique difficilement contestable actuellement”, estime Julien, coordinateur d’atelier. À 54 ans, il s’est mobilisé pour la première fois dans la rue cette année à l’occasion de la contestation de la réforme des retraites. Il en est à sa troisième manifestation. “Vous croyez vraiment que je vais tenir encore dix ans au travail ?”, interroge-t-il, en montrant les différentes blessures qu’il a eues au cours de sa carrière. “Faire travailler les vieux plus longtemps, c’est un leurre.”

Dans le cortège, les reprises de tubes célèbres se succèdent au micro. Les paroles ont été détournées pour l’occasion. Un manifestant scande : “64 ans c’est toujours non” sur le refrain de “Get Lucky” (des Daft Punk). Plus loin, un autre entonne en reprenant DJ (de Diam’s) : “Laisse-moi kiffer la vibes à la retraite, j’suis pas d’humeur à rembourser ta dette.”

Julien, lui, trouve qu’”il n’y a pas beaucoup de monde aujourd’hui, ça me chagrine.” Venu à Paris pour “faire le nombre”, il ne se résigne pas sur l’issue de la contestation de la réforme des retraites, mais glisse : “Le problème d’une grande partie des Français, c’est qu’ils sont résignés.”

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