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Turquie : Erdogan au pouvoir, une histoire sans fin ?

Le président Recep Tayyip Erdogan affronte dimanche son adversaire social-démocrate Kemal Kilicdaroglu lors du second tour de l’élection présidentielle turque, où le “réis” est en position de force. Retour sur le parcours du chef de l’État turc, à la tête de son pays depuis deux décennies, et qui pourrait le rester cinq ans de plus. 

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C’est l’histoire d’un Stambouliote venant du quartier populaire de Kasimpasa, qui envisageait une carrière dans le football. C’est finalement vers la politique que s’oriente Recep Tayyip Erdogan, jusqu’à apparaître, à 69 ans, comme indéboulonnable à la tête de la Turquie.

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Après deux décennies à la tête de la Turquie – onze ans comme Premier ministre et neuf ans comme président de la République –, Recep Tayyip Erdogan semblait affaibli par la crise économique et l’usure du pouvoir. Cela ne l’a pas empêché de sortir en tête du premier tour de son troisième scrutin présidentiel, à rebours des prédictions, le 14 mai dernier.

Contrairement à 2014 et 2018, Recep Tayyip Erdogan n’a pas remporté la bataille dès le premier tour, mais n’en n’était pas loin : le chef de l’État sortant a réuni 49,5 % des suffrages, alors que son principal adversaire, le social-démocrate Kemal Kilicdaroglu, a récolté 45 % des voix.

Le “réis” aborde cependant le second tour, prévu dimanche 28 mai, en position de force. D’autant que le troisième candidat pour le scrutin présidentiel, l’ultranationaliste Sinan Ogan, a officiellement apporté son soutien au président sortant le lundi 22 mai. Sinan Ogan avait réuni quelques 2,8 millions de suffrages sur son nom.

À lire aussi : Sinan Ogan, un “faiseur de rois” dont Erdogan n’a nul besoin

À Ankara, les bras levés, saluant dans la nuit une foule de partisans enthousiastes depuis le balcon de son parti, le président sortant a envoyé, au soir du premier tour, un signal clair à son pays : celui de la stabilité.

Champion de la majorité conservatrice

Ni un séjour en prison en 1998, ni des manifestations monstres, ni même une sanglante tentative de putsch en 2016 n’ont enrayé la marche du président. Recep Tayyip Erdogan est pourtant confronté, cette année, à de vives critiques sur l’état de l’économie turque et à la colère des rescapés du séisme du 6 février, livrés à eux-mêmes dans les premiers jours suivant la catastrophe.

Les résultats du premier tour l’ont montré : ce musulman dévot, chantre des valeurs familiales, demeure le champion d’une majorité conservatrice longtemps dédaignée par une élite urbaine et laïque.

Le “réis”, qui a profondément transformé son pays en bâtissant autoroutes, aéroports et mosquées, a aussi conduit une politique étrangère affirmée en direction de l’Orient et de l’Asie centrale, quitte à se brouiller avec les Occidentaux. La guerre en Ukraine lui a toutefois permis de se replacer au centre du jeu diplomatique, grâce à ses efforts de médiation entre Kiev et Moscou.

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Ses détracteurs, surtout occidentaux, continuent de s’inquiéter de sa dérive autocratique, en particulier depuis les purges massives conduites après la tentative de putsch et la révision constitutionnelle de 2017, qui a élargi considérablement ses pouvoirs.

Références nationalistes et religieuses

Souvent dépeint en sultan indétrônable, celui qui s’est fait bâtir un palais de plus de 1 100 pièces sur une colline boisée protégée d’Ankara, continue de se poser en homme du peuple face aux “élites”.

C’est fort de cette posture qu’il a remporté toutes les élections depuis l’arrivée au pouvoir de son parti, l’AKP, en 2002. Jusqu’à ce que l’opposition le prive en 2015 de sa majorité parlementaire et, surtout, qu’elle ne ravisse en 2019 les municipalités d’Istanbul et d’Ankara, un revers cinglant. 

Malgré une démarche parfois ralentie, cet animal politique à la haute stature continue d’enchaîner les meetings, déployant ses qualités de tribun, puisant dans les poèmes nationalistes et le Coran autant que dans l’invective pour galvaniser les foules.

Dix ans après Gezi

Dans son lancement en politique, Recep Tayyip Erdogan apprend les ficelles au sein de la mouvance islamiste de l’ex-Premier ministre Necmettin Erbakan, avant d’être propulsé sur le devant de la scène en devenant maire d’Istanbul en 1994. Quatre ans plus tard, en 1998, il est emprisonné pour avoir récité un poème religieux, un épisode qui ne fera que renforcer son aura.

L’AKP (le Parti de la justice et du développement) qu’il a cofondé, remporte les élections en 2002. L’année suivante, il devient Premier ministre et occupe cette fonction jusqu’en 2014. Cette année-là, il devient le premier président turc élu au suffrage universel direct.

L’un des épisodes marquants de son mandat de Premier ministre reste le mouvement de contestation de Gezi, débuté fin mai 2013. Parti d’Istanbul contre un projet immobilier dans le parc Gezi, il se transforme en mouvement de contestation contre le gouvernement. Les autorités turques avaient alors violemment réprimé le mouvement.

Le “réis” doit faire face à une tentative de coup d’État dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, qu’il a attribué à son ex-allié, le prédicateur musulman Fethullah Gülen. Son retour triomphal au petit jour sur l’ancien aéroport Atatürk d’Istanbul marque la défaite des putschistes.

Marié et père de quatre enfants, Recep Tayyip Erdogan continue d’être perçu par ses partisans comme le seul capable de tenir tête à l’Occident, le seul à pouvoir traverser sans tanguer les crises régionales et internationales.

S’il est réélu dimanche, dix ans après le début du vaste mouvement de contestation de Gezi qu’il avait brutalement réprimé, son emprise sur le pays s’affirmera encore davantage, au grand dam de ses détracteurs.

Avec AFP

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