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Iran : les autorités détruisent une dizaine de cafés à Ekbatan, bastion du mouvement de protestation

En Iran, les autorités ont fait démolir les terrasses d’une dizaine de cafés à Ekbatan, en banlieue de Téhéran, le 14 mai. Ces cafés étaient connus pour être des lieux de rencontre pour les personnes soutenant le mouvement de protestation “Femmes, vie, liberté”, notamment les femmes opposées aux règles vestimentaires islamiques. À la suite de ces démolitions, des personnes sont allées aider les propriétaires des cafés à ramasser les gravats, pour qu’ils puissent les rouvrir.

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Les terrasses d’une dizaine de cafés à Ekbatan, une banlieue de la classe moyenne située dans l’ouest de la capitale iranienne, ont été détruites le 14 mai, avec des tracteurs et des grues, sous les yeux de la police. Pour justifier ces démolitions, les autorités ont invoqué des raisons de sécurité et des plaintes du voisinage. Mais selon nos Observateurs en Iran, peu de personnes croient en ces explications.


L’opération de démolition des cafés à Ekbatan, le 14 mai.

La ville d’Ekbatan est connue pour ses cafés, ses marchés et ses espaces verts, et plus récemment pour sa résistance face au régime iranien et pour la solidarité entre ses habitants. Depuis le début du mouvement de protestation “Femmes, vie, liberté” – né en septembre 2022 après la mort de Mahsa Amini – des rassemblements, des chants anti-régime, des danses et des sessions de “free hugs” ont été répertoriés dans cette ville, qui a été aussi le théâtre d’arrestations et de violents affrontements entre protestataires et gardiens de la révolution. 

>> À LIRE SUR LES OBSERVATEURS : Menaces, arrestations et assassinats : en Iran, la répression s’abat sur les médecins qui soignent les manifestants

Comme presque partout en Iran, les jeunes – notamment les jeunes femmes – sont les fers-de-lance du mouvement de protestation. Pour elles, les cafés d’Ekbatan étaient des endroits sûrs où elles pouvaient se rencontrer sans porter le voile islamique. 

Selon Hammihan, un média iranien, le coût des dommages causés par les démolitions est évalué à plus d’un milliard de tomans (environ 20 000 euros), et la police aurait menacé d’arrêter toute personne s’y opposant.


Cette vidéo montre les dommages causés à l’extérieur de cafés à Ekbatan, le 14 mai.

“Les cafés étaient devenus un lieu de résistance”

“E” participe au mouvement de protestation contre le régime depuis septembre, à Ekbatan.

Ils ont commencé à démolir les cafés à 5 h du matin, et ils ont terminé à 8 h. Il y avait beaucoup de civils et de policiers en moto, qui portaient des masques pour couvrir leur visage. Ils ont détruit l’extérieur des cafés, où les clients s’assoient, car l’intérieur est tout petit. Ils avaient déjà fermé certains d’entre eux durant quelques jours, mais cette fois, ils voulaient les détruire. 

Ces cafés, ça a été chez nous durant dix ans : il y avait de la musique, les gens s’y sentaient heureux. Depuis septembre, ils étaient devenus encore plus importants, car ils s’étaient transformés en lieux de résistance. On y organisait les manifestations, des débats… De plus, les femmes refusent de porter le voile islamique dans ces cafés, donc ils étaient devenus une cible pour la République islamique. Ces démolitions ont donc été une punition. 

Quand nous avons appris ce qui s’était passé [le 14 mai, NDLR], nous avons été déçus. Mais nous avons trouvé la force d’aller là-bas pour aider les propriétaires des cafés à ramasser les gravats, pour qu’ils puissent rouvrir leurs cafés, en faisant au mieux. Et désormais, il y a même plus de clients qu’avant qui s’y rendent pour acheter quelque chose – même des gens qui ne sont pas des habitués des lieux – pour aider les propriétaires. Ces derniers avaient investi énormément d’argent dans ces terrasses, et tout a été démoli en l’espace de trois heures.

Depuis septembre et notre participation active aux manifestations, la République islamique a tout fait pour nous décourager. Ils nous ont arrêtés, attaqués et ont vandalisé les immeubles où nous vivons. Ils ont même condamné à mort trois d’entre nous. [Le 26 octobre, un milicien des Gardiens de la Révolution a été blessé à Ekbatan et est mort à l’hôpital, quelques jours après. Le régime a arrêté 14 personnes et inculpé trois d’entre elles pour des crimes passibles de la peine de mort, NDLR.Ils nous menacent tous. Ils ont déployé de plus en plus de patrouilles de police et de milices à Ekbatan, mais nous n’avons jamais abandonné, et nous allons continuer à résister. 

Depuis le début des manifestations autour du slogan “Femmes, vie, liberté” en septembre, au moins 530 personne ont été tuées, des milliers ont été blessées, et des dizaines de milliers ont été arrêtées.

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