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Scandale au palais : le Festival de Cannes déroule le tapis rouge pour le roi Johnny Depp

Le 76e Festival de Cannes a démarré sur les chapeaux de roues, mardi, avec la première du drame historique “Jeanne du Barry” de la réalisatrice française Maïwenn. Ce film, sur la relation scandaleuse entre le roi Louis XV et une courtisane de bas étage, marque le retour de Johnny Depp sur le devant de la scène, avec en prime de nombreuses polémiques.

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Sur le tapis rouge, ils échangent des sourires complices. La star de cinéma Johnny Depp et la réalisatrice Maïwenn, entourés de l’équipe du film “Jeanne Du Barry”, ont longuement pris la pause face aux photographes, mardi 16 mai, avant la projection du long-métrage en ouverture du 76e Festival de Cannes.

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Costume sombre, lunettes noires et affublé de son habituelle queue de cheval, l’acteur hollywoodien a été acclamé à sa sortie de voiture, puis s’est longuement attardé auprès de ses fans, se prêtant au jeu des selfies et des autographes.

Cette avant-première du film narrant la relation entre le roi Louis XV, campé par Johnny Depp, et sa scandaleuse courtisane Jeanne du Barry, interprétée par Maïwenn, a déjà fait couler beaucoup d’encre, que ce soit pour les relations apparemment tendues entre l’acteur et la réalisatrice sur le tournage, le procès hyper médiatique de Johnny Depp contre son ex-compagne ou bien encore la récente plainte pour agression, déposée par le journaliste Edwy Plenel, à l’encontre de la réalisatrice.  

Retour en grâce ?

Le long-métrage raconte la relation tumultueuse du roi avec sa dernière maîtresse, Jeanne du Barry, une roturière et courtisane, dont l’entrée au château de Versailles provoque naturellement un scandale retentissant. 

Engagé de longue date dans le projet, Johnny Depp a vu ces dernières années sa carrière durablement touchée par la très médiatique bataille juridique l’opposant à son ex-femme, Amber Heard, impliquant des accusations de violences conjugales. Écarté, en pleine polémique, du spin-off de Harry Potter “Les animaux fantastiques”, la star américaine, qui a depuis remporté son procès en diffamation, semble bien décidée à amorcer son grand retour.

Selon Variety, l’acteur aurait signé la semaine dernière un contrat record de 20 millions de dollars pour rester l’égérie du parfum Dior. Il devrait également diriger Al Pacino dans un biopic de l’artiste Amedeo Modigliani dans le courant de l’année. Néanmoins, la décision d’offrir à “Jeanne du Barry”, premier film marquant son grand retour devant la caméra, une place d’honneur à Cannes, a inévitablement suscité de nombreuses interrogations.

Lors d’une conférence de presse, lundi, le directeur du festival, Thierry Frémaux, a défendu ce choix, louant le rôle de Johnny Depp dans le film et affirmant qu’il n’avait pas prêté attention au procès. “Pour vous dire la vérité, je n’ai qu’une seule conduite dans la vie : la liberté de penser, de parler, d’agir dans le cadre de la loi”, a-t-il déclaré. Si Johnny Depp avait été viré d’un film, ou que le film avait été censuré, on n’en parlerait pas ici”. 

L’ombre de “#MeToo”

La controverse entourant “Jeanne du Barry”, ne se limite pas aux frasques de son acteur principal. Sa réalisatrice, Maïwenn est visée depuis mars par une plainte pour agression du journaliste de Mediapart Edwy Plenel. Ce dernier l’accuse de l’avoir attrapé par les cheveux dans un restaurant et de lui avoir craché au visage.

Maïwenn a reconnu l’agression lors d’une interview à la télévision, sans donner plus de détails. Selon le journaliste, cette attaque pourrait avoir été motivée par une série d’articles sur les accusations de viol concernant l’ex-mari de Maïwenn et père de l’un de ses enfants, le réalisateur Luc Besson, qu’elle a épousé à l’âge de 16 ans. La réalisatrice a par le passé pris des positions à rebours du mouvement “MeToo”, affirmant notamment “espérer” que les hommes la “siffleraient” dans la rue toute sa vie.

L’avant-première du film intervient à peine quelques jours après la violente charge de l’actrice Adèle Haenel contre le cinéma français dans une tribune. L’icône française de “MeToo” a annoncé qu’elle renonçait au cinéma pour dénoncer “la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels”.

Mardi, plus d’une centaine d’acteurs et d’actrices, parmi lesquels Julie Gayet, Géraldine Nakache, Jérémie Renier ou Laure Calamy, ont dénoncé à leur tour, à travers une tribune, le mauvais signal envoyé, selon eux, à Cannes. “En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le Festival démontre que les violences dans les milieux de création peuvent s’exercer en toute impunité“, peut-on y lire.


Film en demi-teinte

Âgée de 47 ans, Maïwenn s’est déjà distinguée lors de la plus grande fête du cinéma au monde, en remportant le prix du jury en 2011 avec son film “Polisse”. Quatre ans plus tard, son long métrage “Mon roi”, dans lequel Vincent Cassel interprète un pervers narcissique, a valu à l’actrice Emmanuelle Bercot, qui campe sa victime dans le film, le prix d’interprétation féminine. 

Tourné en 35 mm dans le château de Versailles, “Jeanne du Barry” marque un changement radical d’échelle et de style pour la cinéaste française, dont le film aux 20 millions de dollars a été en partie financé par la Red Sea Film Foundation d’Arabie saoudite. Son classicisme est aussi rigide que le protocole de la cour de Versailles, évitant le naturalisme et l’improvisation, qui caractérisaient ses œuvres précédentes.

Le film est également étrangement chaste, limitant la dernière histoire d’amour passionnée du célèbre roi libertin à des rires amusés, des regards adorateurs et quelques baisers.  

Johnny Depp, longtemps marié à la star française Vanessa Paradis, offre une solide performance tout en prestance, alors que ses dialogues, limités à de courtes phrases, permettent de dissimuler son accent américain. Benjamin Lavernhe incarne son stoïque valet La Borde, tandis qu’India Hair excelle dans le rôle d’Adélaïde, la fille du roi, bien décidée à se débarrasser du “scandale” introduit par son père au sein du palais royal.

La réalisatrice française Maïwenn incarne le personnage principal de
La réalisatrice française Maïwenn incarne le personnage principal de “Jeanne du Barry”, avec Johnny Depp dans le rôle du roi Louis XV. © Stéphanie Branchu, Why Not Productions

Enfin, Melvil Poupaud campe l’ancien amant et proxénète de Jeanne, le charmant et impitoyablement égoïste Comte du Barry, dont le rôle, comme bien d’autres, peine à exister au sein de ce récit entièrement construit autour de ses deux figures centrales. 

Maïwenn décrit le film comme l’accomplissement d’un rêve datant de ses 17 ans. Son intérêt pour Jeanne du Barry est né du visionnage du film “Marie Antoinette” de Sofia Coppola en 2006, dans lequel Asia Argento jouait le rôle de la maîtresse de Louis XV. 

À l’instar de ce luxuriant long-métrage, “Jeanne du Barry” se déroule dans un cocon. Un monde où règne l’entre-soi et la complaisance, fait de costumes somptueux et de merveilles architecturales, sans ouverture sur l’extérieur. Néanmoins, ce récit n’égale pas l’audace ni l’inventivité qui animaient “Marie-Antoinette”.

Ce nouveau film ne dégage pas non plus l’intimité profondément émouvante de “La mort de Louis XIV” (2016) d’Albert Serra, qui met en scène l’icône de la Nouvelle Vague Jean-Pierre Léaud dans un récit absorbant, éclairé à la bougie, des derniers jours du Roi-Soleil.

Jeanne du Barry, femme d’esprit issue de la classe ouvrière et avide de culture et de plaisir, est sans aucun doute un personnage plus intéressant que la pauvre petite fille riche Marie-Antoinette. Mais si la fascination de Maïwenn pour la maîtresse préférée de Louis XV semble évidente à l’écran, son film ne parvient pas à la rendre contagieuse.

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