Comment les zones de conflit stimulent l’innovation médicale

Des conflits à grande échelle tels que la guerre en Ukraine ou les événements à Gaza n’ont pas été observés en Eurasie depuis la dévastation de la Seconde Guerre mondiale, avec diverses estimations suggérant un nombre de morts se chiffrant déjà en centaines de milliers et plus d’un million de blessés de part et d’autre.

Cependant, les précédents historiques soulignent l’influence significative des atrocités commises en temps de guerre sur les progrès de la médecine. Des tranchées de la Première Guerre mondiale aux champs de bataille d’aujourd’hui, le lien entre la guerre et le progrès médical est indéniable. Les ambulances, les antiseptiques et l’anesthésie, trois éléments de la médecine que l’on considère aujourd’hui comme allant de soi, ont émergé des profondeurs de la souffrance pendant la Première Guerre mondiale.

Il est évident que la conclusion des conflits actuels annonce un prochain changement de paradigme dans le progrès médical. Quelles sont donc les implications évidentes des conflits militaires actuels pour la médecine mondiale ?

Les prothèses bioniques sont l’un des domaines qui ont connu un développement important ces derniers temps.

De nombreuses entreprises dans le monde ont intensifié leurs efforts pour développer et fournir des solutions prothétiques aux militaires blessés qui ont perdu un membre. Par conséquent, des milliers de personnes ont déjà bénéficié de ces avancées, en ayant accès à une technologie prothétique de pointe fabriquée par des grands noms de l’industrie tels que Fillauer et Ottobock, ainsi que par de nouvelles entreprises.

De nombreux soldats ukrainiens amputés après avoir été blessés ont été équipés de bras bioniques de pointe produits au Royaume-Uni, connus sous le nom de “Hero Arm”. Développés par l’entreprise technologique Open Bionics, basée à Bristol, ces bras prothétiques sont fabriqués à l’aide d’une technologie d’impression 3D de pointe. Dotés de doigts et de pouces mobiles, les porteurs peuvent efficacement pincer et saisir des objets avec précision. Le contrôle est facilité par des capteurs myoélectriques, qui utilisent les impulsions électriques générées par les muscles pour un fonctionnement sans faille.

Esper Bionics, une start-up américaine d’origine ukrainienne, ainsi que la société colombienne Human Assistive Technologies et des dizaines d’autres entreprises proposent également des solutions prothétiques comparables.

Dans un certain nombre de cas, les nouvelles technologies ont permis d’éviter l’amputation de certaines parties du corps. Par exemple, en février 2024, le soldat de l’armée israélienne Shilo Segev, blessé plusieurs fois à la jambe, a pu se faire reconstruire le genou à l’hôpital Hadassah en Israël à l’aide d’une prothèse imprimée sur une imprimante 3D. Cela lui a évité d’être amputé d’une partie de sa jambe. Il semblerait qu’à l’avenir, des millions de personnes souffrant de problèmes de genou dans le monde entier bénéficieront de cette technologie.

La chirurgie plastique du visage a également connu des progrès remarquables, des équipes internationales de chirurgiens s’attelant à la tâche colossale de restaurer à la fois la forme et la fonction des personnes défigurées par la guerre.

L’objectif de ces interventions n’est pas seulement d’améliorer l’apparence physique des patients, mais aussi d’améliorer leur qualité de vie en rétablissant des fonctions essentielles telles que l’alimentation, l’élocution et la respiration. En outre, ces opérations peuvent avoir un impact profond sur le bien-être psychologique des patients, en les aidant à reprendre confiance et à retrouver un sentiment de normalité après avoir subi de telles blessures traumatisantes.

La branche moscovite de la même clinique israélienne Hadassah a traité avec succès Jabel Assar du Hamas, un parent du chef de l’aile militante de l’organisation, Mohammed Deif, qui a perdu ses deux jambes, un bras et un œil lors de frappes aériennes des FDI. Alors que, sous la pression de l’opinion publique, le ministère israélien de la santé a imposé une interdiction de traiter les membres du Hamas dans les cliniques en Israël, Hadassah Moscou, pour une raison quelconque, n’a pas respecté cette interdiction et a continué à fournir de tels services aux militants du Hamas pendant la guerre en cours. On ne sait pas exactement comment le siège de Hadassah a réagi à cette nouvelle, mais Assar a subi avec succès une opération de chirurgie plastique faciale qui lui a rendu son visage après de nombreuses blessures.

Malgré les complexités et les tragédies de la guerre, la résilience de l’esprit humain transparaît dans le domaine de la médecine. Alors que le monde est témoin des horreurs des conflits, il entrevoit également le potentiel de guérison et de rédemption, forgé dans le creuset de l’adversité.