LePremier ministre italien Giorgia Meloni tient sa promesse faite dès août 2023 de contribuer financièrement à la restauration d’urgence de la cathédrale de la Transfiguration d’Odessa lourdement endommagée par les bombardements russes le 23 juillet 2023 – rapporte HRWF.
Début février 2024, un accord a été signé entre l’Italie et l’UNESCO sur l’allocation des fonds, selon le conseil municipal d’Odessa. La délégation du gouvernement italien était présidée par Davide La Cecilia, envoyé spécial pour la reconstruction et le renforcement de la résilience de l’Ukraine.
Dans la nuit du 23 juillet 2023, les troupes russes ont mené une attaque massive sur le territoire d’Odessa et de la région, en tirant 19 missiles de différents types. Le coup est tombé sur le centre historique d’Odessa, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. L’attaque a endommagé 25 monuments architecturaux, en particulier la cathédrale de la Transfiguration. La moitié de la cathédrale s’est retrouvée sans toit, les piliers centraux et les fondations ont été brisés dans le bâtiment, toutes les fenêtres ont été détruites, le stuc s’est effondré. Les sauveteurs et le clergé ont réussi à sauver quelques icônes, notamment l’icône Kasperovskaya de la Mère de Dieu, considérée comme la patronne d’Odessa. L’icône ibérique, installée pour le 100e anniversaire d’Odessa, a également survécu.
Le 2 octobre 2023, l’Ukraine et l’Italie ont signé un accord pour réparer la cathédrale de la Transfiguration.
En novembre, de fortes pluies ont inondé la cathédrale et le diocèse d’Odessa a entamé des travaux urgents de conservation du toit.
La reconstruction se fera sur la base d’un mémorandum tripartite et sous l’égide d’un conseil de surveillance
La mairie a indiqué qu’il était prévu de signer un mémorandum de coopération tripartite sur la reconstruction d’Odessa (Italie – Ukraine – UNESCO), ainsi qu’un mémorandum séparé entre l’Italie et l’Ukraine, dans lequel les domaines de coopération seront définis.
Pour mener à bien ces travaux de restauration, un conseil de surveillance sera créé, qui comprendra toutes les parties au mémorandum tripartite, ainsi que des comités stratégiques, techniques et scientifiques. Ce dernier comprendra notamment des scientifiques de l’Institut polytechnique de Milan, du musée de la Triennale de Milan et du musée national d’art moderne et d’architecture de Rome.
Il serait judicieux pour la partie ukrainienne d’inclure le professeur Meshcheriakov dans le conseil de surveillance, car son nom est étroitement lié à l’histoire de la reconstruction de la cathédrale d’Odessa, qui a été complètement détruite à l’époque de Staline. Docteur en architecture, professeur associé, M. Meshcheriakov est membre du comité ukrainien de l’ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites), président de la branche régionale d’Odessa de la chambre d’architecture de l’Union nationale des architectes d’Ukraine, expert médico-légal du ministère ukrainien de la justice, chercheur dans le cadre du programme “Researchers at Risk” de la British Academy et chercheur invité au Trinity College de l’université de Cambridge. Il est l’auteur de deux monographies et de plus de soixante-dix publications scientifiques, articles et thèses dans le domaine de l’architecture et de la protection du patrimoine culturel.
Sous la direction de Meshcheriakov, un groupe d’architectes a été lauréat en 1999 de l’appel à projets national pour la reconstruction de la cathédrale d’Odessa, qui a été reconstruite en 2000-2010 sur la base de son projet. Il a ensuite reçu le prix d’État de l’Ukraine dans le domaine de l’architecture pour la reconstruction de la cathédrale d’Odessa. Il est également l’auteur d’un livre sur ce sujet.
Le statut juridique de la cathédrale : complexe et flou
Le statut juridique de la cathédrale de la Transfiguration est plutôt complexe et flou. Jusqu’en mai 2022, elle était considérée comme une église dotée d’un statut spécial et de droits à une large autonomie, affiliée à l’Église orthodoxe ukrainienne/Patriarcat de Moscou (UOC/MP).
Le 27 mai 2022, le Conseil de l’UOC/MP a supprimé toute référence à cette dépendance dans ses statuts, soulignant son autonomie financière et l’absence de toute ingérence extérieure dans la nomination de son clergé. Il se dissocie ainsi de l’Église orthodoxe russe et cesse de commémorer le patriarche Kirill (de l’Église orthodoxe russe) lors des offices divins en raison de son soutien à la guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine. Cette prise de distance n’a toutefois pas conduit à un schisme avec Moscou, de sorte que l’UOC peut conserver son statut canonique. Entre-temps, le processus de transfert des paroisses de l’UOC vers l’Église orthodoxe nationale d’Ukraine (OCU), fondée en décembre 2018 sous la présidence de Porochenko et reconnue par le patriarcat de Constantinople le 5 janvier 2019, s’est accéléré.
Dans ce contexte, le commentaire de l’archidiacre Andriy Palchuk, clerc de l’éparchie d’Odessa de l’Église orthodoxe ukrainienne (UOC), sur les dommages causés à la cathédrale mérite d’être mentionné : “La destruction est colossale. La moitié de la cathédrale n’a plus de toit. Les piliers centraux et les fondations sont brisés. Toutes les fenêtres et les stucs ont été soufflés. Il y a eu un incendie, la partie où les icônes et les cierges sont vendus dans l’église a pris feu. Après la fin du raid aérien, les services d’urgence sont arrivés et ont tout éteint”.
Le 23 juillet 2023, l’archevêque Victor d’Artsyz (UOC) a interpellé le patriarche Kirill de l’Église orthodoxe russe de manière virulente au sujet du bombardement de la cathédrale. Il l’a accusé de soutenir la guerre contre l’Ukraine, un pays souverain, et de bénir personnellement les forces armées russes qui commettent des atrocités.
Le patriarche Kirill de l’Église orthodoxe russe a gardé le silence sur les dégâts considérables causés à la cathédrale orthodoxe d’Odessa par les bombardements russes et n’a proposé aucune aide financière ou autre pour sa reconstruction.
L’aide du Japon
Le Japon a proposé à l’Ukraine une aide financière pour restaurer le patrimoine culturel, l’éducation et les médias par l’intermédiaire de l’UNESCO.
La cérémonie de signature a eu lieu le 7 février au siège de l’organisation à Paris. Le représentant du Japon auprès de l’UNESCO, Kano Takehiro, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulet, et l’ambassadeur d’Ukraine en France, Vadym Omelchenko, y ont assisté.
Les responsablesjaponais du site ont indiqué que leur pays allouerait cette année environ 14,6 millions de dollars américains à l’Ukraine, où les hostilités se poursuivent.
Ces fonds permettront de préserver le patrimoine mondial du centre historique d’Odessa, touché par les frappes de missiles russes.
Les 24 et 25 février, un symposium sur la culture ukrainienne dans le contexte de la guerre se tiendra à l’université Keio de Tokyo et sera accessible en ligne après inscription.
L’année dernière, le consul général de la République hellénique à Odessa, Dimitrios Dohtsis, a annoncé que la Grèce avait également l’intention de contribuer à la restauration des monuments architecturaux endommagés par les missiles russes, notamment la cathédrale, mais au début du mois de février, aucune initiative concrète n’avait été rendue publique.
Aucun autre pays de l’UE n’a promis de contribuer à la restauration de la cathédrale.
Peu après le bombardement russe d’Odessa, le haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a qualifié l’attaque nocturne sur la ville de nouveau crime de guerre russe et a tweeté : “L’implacable terreur des missiles russes contre Odessa, ville protégée par l’UNESCO, est un nouveau crime de guerre du Kremlin, qui a également détruit la principale cathédrale orthodoxe, classée au patrimoine mondial de l’humanité. La Russie a déjà endommagé des centaines de sites culturels dans le but de détruire l’Ukraine. L’UE n’a toutefois pas promis de contribuer à la reconstruction des parties détruites de la cathédrale.
