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Au Soudan, une trêve jamais respectée une nouvelle fois prolongée pour cinq jours

L’Arabie saoudite et les États-Unis ont annoncé lundi dans un communiqué commun la prolongation pour cinq jours d’une trêve, théoriquement entamée il y a une semaine mais en réalité jamais appliquée, pour “permettre plus d’efforts humanitaires” alors que le pays est au bord de la famine. Depuis six semaines, de violents affrontements opposent l’armée régulière fidèle au général Abdel Fattah al-Burhane au numéro 2 du régime, Mohamed Hamdane Daglo.

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Les trêves s’enchaînent et se ressemblent au Soudan : les combats ont continué de faire rage lundi 29 mai mais les médiateurs saoudien et américain se sont félicités de la prolongation de cinq jours d’une trêve jamais respectée censée permettre l’acheminement d’une aide humanitaire vitale pour le pays au bord de la famine.

Des habitants de Khartoum ont rapporté à l’AFP des combats dans la banlieue nord et des tirs d’artillerie dans le sud de la capitale de plus de cinq millions d’habitants.

Comme à l’accoutumée, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo se sont mutuellement accusés d’attaquer, assurant ne faire que répondre à des assauts. Les FSR ont ainsi accusé l’armée d’avoir mené lundi un raid aérien meurtrier à Khartoum.

Washington et Riyad, de leur côté, notent chaque jour de “nouvelles violations du cessez-le-feu” mais sans jamais actionner les “sanctions” ou le “mécanisme de surveillance” qu’ils ont dit mettre en place à l’annonce de la première trêve.

Depuis son début le 22 mai, des familles ont pu sortir rapidement pour acheter de quoi manger ou boire, pour deux fois plus cher qu’avant la guerre. Mais des milliers d’autres continuent à se terrer chez elles, sans eau courante ni électricité pour beaucoup, par peur des balles perdues.

Les humanitaires, eux, n’ont pu qu’acheminer de petites quantités de nourriture ou de médicaments car leurs personnels ne peuvent se déplacer en raison des combats et leurs cargaisons arrivées par les airs sont toujours bloquées aux douanes, assurent-ils.

Des nouveau-nés morts à l’hôpital faute d’oxygène

La situation est pire au Darfour, vaste région de l’Ouest frontalière du Tchad, déjà ravagée par la guerre dans les années 2000, selon Toby Harward, du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés.

“Des combats sporadiques entre militaires et paramilitaires ces derniers jours à El-Facher, au Darfour-Nord, jusqu’à l’intérieur du camp de déplacés d’Abou Chouk, ont fait des victimes civiles”, dit-il.

Des maisons ont été pillées et des dizaines de milliers de personnes ont été de nouveau déplacées par ces combats qui sont “une violation flagrante du cessez-le-feu et empêchent la distribution d’aide humanitaire”, ajoute-t-il.

Au Darfour-Est, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), “une trentaine de nouveau-nés sont morts dans un hôpital depuis le début des combats, dont six la même semaine faute d’oxygène durant les coupures d’électricité”.

À lire aussi L’aide humanitaire au Soudan, entre défi sécuritaire et casse-tête bureaucratique

Depuis le début de la guerre le 15 avril, plus de 1 800 personnes ont été tuées, selon l’ONG Acled. Plus d’un million d’autres ont été forcées de se déplacer ailleurs au Soudan et près de 350 000 en dehors du pays, selon l’ONU. Les États voisins redoutent une contagion et réclament des aides à l’ONU, qui en retour répète n’avoir reçu qu’une infime part des fonds de ses bailleurs.

Lundi, l’ONU a prévenu qu’avec la guerre, le Soudan a rejoint la liste des dix pays qui pourraient connaître sous peu la famine. Dans quelques jours, la saison des pluies commencera et avec elle sa cohorte d’épidémies, du paludisme au choléra.

Multiplication des appels aux armes

Le pays devra faire face avec les trois quarts des hôpitaux hors service dans les zones de combat, selon le syndicat des médecins, et d’autres débordés dans les zones épargnées mais où s’entassent les déplacés.

Si les belligérants ont accepté de prolonger la trêve, sur le terrain, les signaux ne sont pas à l’apaisement.

Après l’armée qui a rappelé ses retraités, et des tribus de l’est du pays qui réclament des armes, le gouverneur du Darfour, un ex-rebelle désormais allié de l’armée, a appelé les civils à prendre les armes.

Le parti Oumma, le plus ancien du pays, évincé du pouvoir par le putsch mené en 2021 par les deux généraux désormais en guerre, a dénoncé une “tentative d’entraîner le pays dans la guerre civile”.

Yassir Arman, un leader du bloc réclamant un pouvoir civil, les Forces de la liberté et du changement (FLC), a accusé les partisans de la dictature déchue d’Omar el-Béchir de chercher “à exacerber les différences ethniques” pour plonger le pays dans le chaos et que le peuple réclame leur retour.

Les FLC ont elles aussi mis en garde contre des appels à une “guerre civile totale”, demandant aux deux camps de suivre le plan de sortie de crise de l’Union africaine.

Cette dernière s’est redite prête samedi à appliquer une feuille de route au Soudan et les Européens lui ont apporté leur soutien. Washington a dit soutenir cette initiative mais à chaque soubresaut au Soudan, Américains et Saoudiens mènent un processus diplomatique parallèle aux efforts régionaux.

Trêve ou non, un nouveau danger restera présent : de plus en plus de projectiles n’ayant pas explosé jonchent les routes et même les immeubles, a averti l’ONU.

Avec AFP

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