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Emmanuel Macron en Mongolie, une visite stratégique dans un pays aux sous-sols convoités

C’est une première pour un chef d’État français : Emmanuel Macron fera une halte en Mongolie, dimanche, de retour du G7 au Japon. Une visite qui illustre l’intérêt croissant des Occidentaux pour ce pays méconnu, coincé entre les géants russe et chinois, et dont le sous-sol regorge de métaux critiques et de terres rares.

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C’est peu dire que la Mongolie fait rarement la une de l’actualité internationale. Mais ce vaste pays d’Asie du Nord-Est traversé de steppes immenses redevient un point stratégique sur la carte des Occidentaux, qui cherchent à contrecarrer l’influence de la Chine et de la Russie, les deux grandes puissances régionales.

La visite éclair, dimanche 21 mai, du président Emmanuel Macron, est donc loin d’être anodine. La présidence française évoque même un “enjeu très important” sur le “plan géostratégique”, qui s’inscrit dans la volonté de Paris de “desserrer la contrainte qui s’exerce sur les voisins de la Russie et leur ouvrir le choix de leurs options”.

Totalement enclavée, la Mongolie dépend en effet presque entièrement de la Chine et de la Russie qui ont tour à tour été des puissances dominantes, jusqu’à sa transition démocratique entamée dans les années 1990 après l’effondrement de l’URSS.

Le concept du “troisième voisin”

Actuellement, 86 % des exportations totales de la Mongolie, toutes marchandises confondues, ont la Chine pour destination. Quant à la Russie, elle lui fournit l’essentiel de son carburant car le pays n’a pas de capacité de raffinage des produits pétroliers. Moscou reste également son principal partenaire en matière de défense.

“La Mongolie a développé une stratégie de triangulation qui consiste à maintenir de bonnes relations avec ses voisins mais aussi à développer des liens privilégiés avec des “troisièmes voisins”, un concept politique qui regroupe des pays démocratiques comme le Japon, l’Inde, les États-Unis et la France, susceptibles d’appuyer l’indépendance et la souveraineté mongole”, détaille Antoine Maire, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique. 

>> À lire aussi : Avec la guerre en Ukraine, les pays d’Asie centrale s’éloignent de Moscou

Pour gagner des marges de manœuvres face à la Chine et la Russie, la Mongolie compte d’abord sur d’importants investissements français pour diversifier son économie, en particulier dans le domaine de l’énergie. Alors que 90 % de l’électricité du pays est produite à partir du charbon, Paris devrait proposer à Oulan-Bator de développer de nouvelles coopérations pour mettre en marche une transition écologique à travers des projets solaires et éoliens. Une nécessité pour la Mongolie qui peine à décarboner son économie et souffre de graves problèmes de pollution de l’air dans sa capitale.

Un eldorado des métaux critiques

Si la Mongolie suscite un intérêt croissant, c’est aussi pour son sous-sol : cuivre, fluor, uranium, terres rares… le pays pourrait détenir de gigantesques réserves de métaux critiques même si “d’autres études sont nécessaires”, explique l’Élysée auprès du journal les Échos.

“Le sous-sol mongol est riche en toutes sortes de minerais qui sont relativement faciles d’accès et situés à une proximité directe de la Chine, l’un des principaux marchés pour les matières premières”, précise Antoine Maire.

>> À voir aussi : Terres rares : des minéraux uniques au cœur d’une bataille mondiale

Un potentiel symbolisé par la mine d’Oyu Tolgoi, dans le désert de Gobi, l’un des plus grands gisements de cuivre et d’or au monde. Selon le géant australo-britannique Rio Tinto, qui exploite le site, ce gisement pourrait permettre de produire à l’avenir 500 000 tonnes de cuivre par an, soit l’équivalent des matériaux nécessaires pour fabriquer 577 000 éoliennes et six millions de véhicules à batterie électrique par an.

Déjà présente dans le domaine de l’extraction d’uranium à travers Orano (ancien Areva), la France veut passer à la vitesse supérieure pour sécuriser ses approvisionnements en métaux critiques et en terres rares, des composants indispensables à la fabrication d’écrans, de téléphones portables, d’ampoules basse consommation, de véhicules hybrides ou encore de batteries. 

Soutien à la démocratie

Au-delà de son volet géostratégique, le resserrement des liens entre Paris et Oulan-Bator passe également par la coopération culturelle. Lors de ce déplacement, le président français doit visiter le musée Gengis Khan, le grand conquérant du XIIIe siècle, qui va prêter une partie de sa collection au musée d’histoire de Nantes pour une exposition événement prévue en octobre. 

La visite du chef de l’État revêt aussi un caractère symbolique : en apportant le soutien français au modèle démocratique et libéral mongol, exception dans une région dominée par des régimes autoritaires, la France espère montrer qu’une autre voie est possible.

“Dans le cas mongol, c’est à la fois une force et une faiblesse”, résume Antoine Maire. “L’attachement au parlementarisme en Mongolie se traduit par une grande instabilité politique avec des changements réguliers de gouvernement et des alternances, qui compliquent les processus de développement et l’action de l’État. L’autre grande faiblesse de cette démocratie, c’est évidemment la corruption qui nourrit un ressentiment social de plus en plus fort”.

Un ressentiment alimenté par des inégalités criantes et les promesses non tenues du développement du secteur minier. Véritable poumon économique du pays dont il représente un quart du PIB, il est encore loin de profiter à l’ensemble des trois millions d’habitants, dont près d’un tiers vit sous le seuil de pauvreté.

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