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Pas d’adhésion à l’UE sans médias libres

Alors que l’UE prévoit de s’élargir, il sera impératif que la Commission européenne reste impitoyable en veillant à ce que les pays candidats respectent la nouvelle loi européenne sur la liberté des médias. Dans le cas contraire, il existe un risque réel d’accueillir des pays qui défieront l’intégrité de l’Union européenne. L’alignement sur l’Acte doit devenir une condition préalable essentielle aux négociations d’adhésion, écrit Antoinette Nikolova, directrice de la Balkan Free Media Initiative, une organisation basée à Bruxelles qui surveille, fait campagne et défend la liberté et l’indépendance des médias dans la région des Balkans.

Le mois dernier, l’UE a annoncé qu’elle entamerait des pourparlers avec la Bosnie-et-Herzégovine dans le cadre de sa dernière volonté de préparer “l’avenir de demain” et “d’utiliser l’élargissement comme catalyseur de progrès”.

Pour de nombreux États des Balkans qui espèrent progresser sur la voie du statut de membre de l’UE, cette nouvelle aura été la bienvenue. Mais si la Commission veut permettre à des pays comme la Serbie et la Bosnie-Herzégovine de progresser sur la voie de l’adhésion (et de recevoir des avantages financiers en retour), elle doit être plus ferme sur ses critères en matière de médias libres et indépendants et avoir les mêmes attentes à l’égard des pays candidats qu’à l’égard des États membres en vertu de l’Acte européen pour la liberté des médias (AEMF) nouvellement inscrit dans la Constitution.

En Bosnie-Herzégovine, par exemple, malgré les progrès réalisés sur d’autres aspects des critères d’adhésion, le pays connaît un déclin inquiétant de la liberté des médias. L’Institut international de la presse a constaté qu’une série de nouvelles lois restrictives – y compris la récriminalisation de la diffamation et l’interdiction pour les médias de s’enregistrer en tant qu’ONG – réduisent constamment l’espace pour les médias indépendants et libres. Cette situation, associée à une rhétorique de plus en plus hostile du gouvernement à l’égard des médias qui vont à l’encontre de la volonté de l’État et aux agressions de journalistes par des fonctionnaires, risque de compromettre tous les progrès réalisés en matière d’État de droit et d’alignement sur les autres valeurs de l’UE.

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Malheureusement, la Bosnie n’est pas un cas isolé. Depuis trois ans, la Balkan Free Media Initiative fait état d’abus et d’attaques endémiques contre la presse libre et indépendante dans l’ensemble de la région. Il en résulte un affaiblissement de l’environnement de l’information qui permet à des autocrates comme le président Vucic en Serbie et à des fauteurs de troubles soutenus par la Russie, comme Milorad Dodik dans la région bosniaque de la Republika Srpska, de prendre le contrôle quasi total des médias.

Juste avant les élections de décembre de l’année dernière, la Serbie a adopté ses propres lois sur les médias qui permettent au gouvernement de posséder officiellement des médias et d’évincer les opérateurs indépendants, malgré les vives protestations des ONG et des groupes de la société civile. Depuis des années, le gouvernement utilise Telekom Srbija, la société de télécommunications appartenant à l’État serbe, pour racheter des opérateurs indépendants et évincer les opérateurs historiques par des pratiques anticoncurrentielles, ce qui permet à l’État d’accroître son contrôle sur l’accès à l’information par l’intermédiaire des chaînes de télévision par câble.

Le vide laissé par l’absence de presse libre a conduit à la propagation de la désinformation anti-occidentale et anti-UE, qui a connu une augmentation drastique depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Il n’est donc pas étonnant que la Serbie, autrefois considérée comme un candidat prometteur à l’adhésion à l’UE, recule aujourd’hui sur la voie de la démocratie, alors que sa population se montre de plus en plus favorable à la Russie et hostile à l’UE. Ce n’est pas une coïncidence si cela s’est produit au moment où les médias ont glissé davantage sous le contrôle de l’État.

Alors que l’UE entame ses négociations d’adhésion avec la Bosnie-et-Herzégovine et progresse avec d’autres États des Balkans, dont la Serbie, elle doit veiller à ce que des lois strictes visant à protéger la liberté des médias soient une condition essentielle à toute négociation préalable à l’élargissement. Si elle ne le fait pas, elle risque d’attirer une vague de pays désireux de profiter des avantages de l’adhésion sans adhérer à ses valeurs, ce qui compromettrait l’intégration future de l’Union. Il suffit de regarder la Hongrie pour voir les difficultés qui peuvent résulter de la prise de contrôle des États membres par des dirigeants autocratiques désireux de contrôler l’information.

La bonne nouvelle, c’est qu’une législation solide a déjà été adoptée pour les membres de l’UE. Au début du mois, l’UE a procédé au vote final sur l’Acte européen sur la liberté des médias (EMFA), une législation historique destinée à protéger l’indépendance des médias et à limiter les tentatives extérieures d’influencer les décisions éditoriales. Grâce à cette nouvelle loi, l’UE a l’occasion non seulement de fixer des normes sur la manière dont la liberté des médias doit être défendue et appliquée dans toute l’Union, mais aussi de signaler à tout candidat potentiel que le respect de l’EMFA doit être une condition essentielle à toute négociation d’adhésion digne de ce nom.

Si l’UE se prépare à l’avenir, l’alignement sur l’EMFA doit devenir une condition préalable essentielle aux négociations d’adhésion. Les candidats qui remettent en cause la liberté des médias en tant que condition préalable essentielle aux négociations d’adhésion ne devraient pas s’asseoir à la table des négociations.

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