La Palme d’or de la 76e édition du Festival de Cannes a été attribuée samedi à “Anatomie d’une chute”, de la réalisatrice française Justine Triet, un drame sociétal qui explore la relation de couple à travers le prisme d’une affaire judiciaire.
Après deux semaines d’avant-premières et d’intenses spéculations, le jury du Festival de Cannes a finalement dévoilé le vainqueur de la prestigieuse Palme d’or. Et c’est le film “Anatomie d’une chute”, de la réalisatrice française Justine Triet, qui a remporté le trophée tant convoité, samedi 27 mai, lors de la cérémonie de clôture de cette 76e édition.
La cinéaste est seulement la troisième femme à décrocher la plus prestigieuse récompense du festival cannois en 76 éditions, après Jane Campion en 1993 avec “La leçon de piano” et une autre Française, Julia Ducournau, en 2021 avec “Titane”.
“Anatomie d’une chute” est un drame sociétal qui questionne la relation homme femme au sein du couple, à travers le procès d’une mère qui se retrouve inculpée du meurtre de son mari. Il s’agit du quatrième long métrage de la cinéaste présenté en compétition à Cannes.
Après avoir remercié son équipe, Justine Triet s’est lancée dans un plaidoyer politique, dénonçant la “répression choquante” à l’égard du mouvement de contestation de la réforme des retraites en France. Elle a également accusé le gouvernement de vouloir “casser l’exception culturelle française”.
Le Grand Prix pour un film sur l’Holocauste
Autre film très remarqué sur la Croisette, “The Zone Of Interest” de Jonathan Glazer a remporté le Grand Prix. Ce drame historique glaçant, dévoile la petite vie de famille paisible du commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, dans une maison qui jouxte le camp. Séparé de l’enfer par un simple mur, ce petit paradis évolue au grondement sourd du brasier des fours crématoires.
Le film, qui propose un regard nouveau et inattendu sur cette période dramatique de l’histoire, a été acclamé par la critique et faisait partie des favoris. Il s’agit d’une adaptation du roman éponyme du romancier britannique Martin Amis, décédé au début du festival, à l’âge de 73 ans.
Le réalisateur de “La Passion de Dodin Bouffant”, Tran Anh Hung, a obtenu prix de la mise en scène pour ce film qui célèbre l’art culinaire à la française à travers l’histoire d’amour entre une cuisinière hors pair incarnée par Juliette Binoche et le célèbre gastronome Dodin, campé par Benoît Magimel.
Le cinéaste finlandais Ari Kaurismäki a obtenu le Prix du jury pour “Les feuilles mortes”, récit de la rencontre de deux âmes errantes et solitaires dans la nuit d’Helsinki.
Le prix du meilleur scénario a été décerné au japonais Yuji Sakamoto pour “Monster”, dernier film du réalisateur Hirokazu Kore-eda, Palme d’or en 2018 avec “Une affaire de famille”.
“Monster” qui fait converger différents points de vue et témoignages, met en scène un jeune garçon dont le comportement étrange suscite l’inquiétude de la mère. Celle-ci va demander des comptes à l’équipe éducative de son école pour tenter de percer ce mystère.
Prix d’interprétation
L’actrice Merve Dizdar a remporté le prix d’interprétation féminine pour son rôle dans les “Les herbes sèches” du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan, vainqueur de la Palme d’or en 2014 avec “Winter Sleep”. Elle incarne une militante de gauche qui a perdu sa jambe droite lors d’un attentat-suicide, dans un petit village reculé d’Anatolie.
Le prix d’interprétation masculine est revenu à Koji Yakusho, acteur principal du nouveau film de Wim Wenders “Perfect days”, dans lequel il campe un employé chargé de l’entretien des toilettes publiques de Tokyo.
La Caméra d’or, récompensant le meilleur premier film, a été décerné à “L’arbre aux papillons d’or” de Pham Thien An, envoûtant voyage au cœur de la campagne vietnamienne. Enfin, la Palme d’or du court métrage a été attribuée à “27”, film d’animation de la réalisatrice hongroise Flóra Anna Buda.
Cette année, le Festival de Cannes a été marqué par une percée des réalisatrices au sein de la compétition officielle avec sept femmes parmi les 21 cinéastes en lice. Le continent africain était lui aussi plus présent avec deux films en compétition et une dizaine de long-métrages dans les autres sélections.
Cette 76e édition a également déroulé le tapis rouge à de nombreuses stars hollywoodiennes dont Harrison Ford, venu présenter le dernier volet des aventures d’Indiana Jones, Léonardo Di Caprio et Robert de Niro, réunis dans le nouveau film de Martin Scorsese, Johnny Depp en roi de France ou bien encore l’incroyable casting d’”Asteroid City”, de Wes Anderson, avec entre autres Tom Hanks, Scarlett Johansson, Steve Carell et Tilda Swinton.
