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Twitter : à droite toute sous Elon Musk ?

Après avoir invité, mercredi, le républicain Ron DeSantis sur Twitter pour y annoncer sa candidature, Elon Musk aurait parachevé de transformer le réseau social en média de droite ou d’extrême droite, d’après les détracteurs du patron de Tesla.   

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Sur le bulletin de notes de l’élève Elon Musk, un professeur écrirait probablement “peut mieux faire, mais l’intention y était”. L’annonce en direct sur Twitter de la candidature du républicain Ron DeSantis, mercredi 24 mai, a été techniquement chaotique. Coupure de son, bruits parasites, déconnexions : le réseau social racheté pour 44 milliards de dollars par Elon Musk a échoué à prouver qu’il était à la hauteur d’un tel événement.

En revanche, le controversé milliardaire a réussi à faire converger plus de 100 000 personnes en même temps sur sa plateforme pour l’un des événements majeurs du calendrier politique de la droite américaine. 

Retour des extrémistes et gage aux antisémites

Pour bon nombre de commentateurs, cette grand messe 2.0 autour de l’entrée en scène du principal rival conservateur de Donald Trump confirme le virage très à droite du réseau social, voulu par Elon Musk. “Twitter est devenu d’extrême droite”, assure le site The Atlantic, tandis que le New York Times souligne que c’est le point culminant de l’opération séduction menée par Elon Musk à l’égard des Américains les plus conservateurs. “Il semblerait que Twitter veut prendre la place de Fox News [chaîne d’information américaine ultra-conservatrice, NDLR]”, résume le magazine Vanity Fair.

La tribune offerte par Elon Musk à Ron DeSantis, un politicien qui joue la carte de la surenchère populiste face à Donald Trump, n’est que le dernier acte en date d’une droitisation de Twitter. 

>> À lire aussi : États-Unis : Ron DeSantis, d’héritier à rival de Donald Trump

Le nouveau patron de Twitter a tout d’abord laissé revenir bon nombre de commentateurs de droite et d’extrême droite qui avaient été bannis par l’ancienne direction du site, à commencer par l’ex-président Donald Trump. Elon Musk s’est ensuite fendu de plusieurs tweets flirtant avec le conspirationnisme cher à l’extrême droite

Enfin, le PDG de Tesla s’est attaqué à George Soros, le milliardaire philanthrope d’origine hongroise qui est l’une des cibles favorites des antisémites. Pour eux, George Soros représente l’incarnation du “riche juif” (sic) qui tente de tirer les ficelles en coulisse.  En affirmant sur Twitter que ce milliardaire “haïssait l’humanité”, Elon Musk “joue le jeu de ces extrémistes”, a affirmé l’Anti-Defamation League, l’une des principales ONG américaines de lutte contre l’antisémitisme.

Et l’extrême droite américaine lui a rendu la politesse. Tucker Carlson, l’ex-star de Fox News connu pour sa promotion de la théorie raciste du grand remplacement, a annoncé qu’il allait lancer une émission en direct sur Twitter. À partir du 30 mai, le site ultra-conservateur Daily Wire va héberger sur Twitter l’intégralité de ses podcasts. Il sera ainsi possible d’écouter en direct sur le réseau social les théories transphobes du commentateur Matt Walsh et de suivre les élucubrations islamophobes de Ben Shapiro.

Idéologue ou homme d’affaires ?

Autant d’indices qui suggèrent que le site est devenu toxique pour les libéraux américains. “Il n’y a plus aucune raison de créer un réseau social alternatif ‘de droite’ puisque Twitter assume ce rôle”, souligne Charlie Warzel, journaliste sur le site The Atlantic.

À droite, les commentateurs assurent que ce n’est qu’un juste rééquilibrage après des années de “chasses aux sorcières” dont ils auraient été victimes sur les réseaux sociaux. Cette idée ancrée à droite que Twitter a été un paradis pour la gauche américaine avant l’arrivée d’Elon Musk aux manettes “ne repose sur aucune données ou études sérieuses”, souligne Meysam Alizadeh, chercheur au Digital Democracy Lab de Zürich, où il travaille sur l’utilisation à des fins politiques des réseaux sociaux.

Mais cet expert estime aussi qu’il ne faut pas conclure trop vite qu’Elon Musk cherche à établir un Fox News 2.0 avec son réseau social. Il est vrai que les mesures prises par le nouveau capitaine du bateau Twitter ont “entraîné une hausse des discours haineux d’extrême droite, comme l’ont démontré deux études récentes”, reconnaît Meysam Alizadeh. 

“Les célébrités à droite qui ont des comptes twitter ont également vu une hausse du nombre d’abonnés, alors que les libéraux ont connu une baisse ou une stagnation de leur auditoire”, constate aussi ce chercheur.

Pour autant “si Elon Musk cherchait vraiment à créer un nouveau ‘Parler‘ [un clone de Twitter qui a essayé et échoué à devenir le réseau social de la droite américaine, NDLR], on devrait aussi constater des discriminations systématiques à l’égard des utilisateurs libéraux et démocrates, ce qui n’est pas le cas”, assure Meysam Alizadeh.

>> À lire aussi : “Parler”, le Twitter de la droite américaine ou la nouvelle arme de la famille Mercer

Pour lui, le patron de Twitter agit moins en idéologue qu’en homme d’affaires. “Il est clair qu’il veut rendre le site plus attractif pour les conservateurs, ce qui peut être financièrement profitable”, explique Meysam Alizadeh. En effet, les publicitaires adorent les contenus qui engendrent beaucoup de réactions… et les tweets qui font le plus réagir “sont ceux qui polarisent le plus l’opinion. Ils proviennent souvent de contributeurs d’extrême droite, et donc plus ils sont présents, plus cela pourrait rendre le site attrayant pour les annonceurs”, résume ce chercheur.

Encore ne faut-il pas aller trop loin en faisant fuir les utilisateurs libéraux. Pour Meysam Alizadeh, transformer Twitter en sanctuaire pour internautes d’extrême droite n’aurait pas grand sens économique. Les annonceurs n’y trouveraient plus leur compte.

Pourtant, dans les actes et les tweets, Elon Musk semblent faire les yeux doux uniquement aux conservateurs. Mais il n’a peut-être pas besoin de faire beaucoup d’effort pour retenir les libéraux américains. Après tout, “il n’y a pas de vraies alternatives”, conclut Meysam Alizadeh. Et l’outil reste politiquement trop important pour que les responsables à gauche de l’échiquier politique amércain puissent se permettre de se retirer complètement de cette agora virtuelle.

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