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États-Unis : Ron DeSantis, d’héritier à rival de Donald Trump

Ron DeSantis ressemble au candidat-modèle de la présidentielle américaine : diplômé avec mention de Yale et Harvard, étoile de bronze pour service méritoire dans l’armée… Officiellement candidat au scrutin de 2024, il rejoint son rival Donald Trump dans la course à l’investiture républicaine.

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L’un est jeune, chéri par la droite dure, et vient d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de 2024 après avoir été réélu haut la main à la tête de la Floride il y a quelques mois. L’autre est septuagénaire, fraîchement inculpé, mais surfe largement en tête des sondages pour l’investiture républicaine.

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La bataille entre les deux favoris du camp républicain pour 2024 s’annonce à couteaux tirés. Baptisé “DeFuture” par les unes de journaux conservateurs après sa très bonne performance aux élections de mi-mandat, Ron DeSantis, 44 ans, en qui nombre de conservateurs ont placé leurs espoirs, espère profiter d’un élan pour s’imposer face à son rival maintenant qu’il est officiellement candidat.

En août dernier, un article paru dans la National Review (porte-étendard du conservatisme américain) considérait DeSantis comme le véritable “leader de l’opposition”, le félicitant de défendre des causes conservatrices là où d’autres gouverneurs d’États (notamment ceux de l’Utah et l’Arkansas) ont rechigné.

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Donald Trump lui-même avait jeté son dévolu sur Ron DeSantis lors de sa candidature inaugurale au poste de gouverneur en 2018, assistant à des rassemblements en Floride et le qualifiant de “jeune leader brillant”, avant de comprendre qu’il devenait en réalité un rival.

Car Ron DeSantis, qui partage les idées de l’ancien président des États-Unis mais pas les outrances, fait quasi quotidiennement les gros titres des journaux américains, happés par son combat contre la supposée “bien-pensance”.

Guerres culturelles

“La Floride est le tombeau du ‘wokisme’”, a ainsi déclaré le patron du “Sunshine State” en novembre. À ce titre, cet homme au physique compact et au sourire rare se jette dans les “guerres culturelles” de l’extrême droite.

Le gouverneur de Floride est notamment devenu anti-masque pendant la pandémie de Covid-19. Il a également interdit aux écoles d’enseigner la “théorie critique de la race” – idée que l’inégalité raciale est systémique et donc intrinsèque, par exemple, au système de justice pénale américain – bien que ce cadre de lecture n’ait pas de place officielle dans les programmes scolaires.

Il est aussi à l’origine d’une campagne visant à interdire, dans son État, des manuels de mathématiques jugés trop “woke”, et d’une loi controversée en Floride (surnommée “Don’t Say Gay”) qui limite les discussions sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les écoles publiques.

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Avant même que la Cour suprême des États-Unis n’annule le jugement Roe v Wade, Ron DeSantis s’est immiscé dans le débat sur l’avortement en signant une loi interdisant la procédure après 15 semaines de grossesse.

En septembre, il a également été critiqué pour avoir transféré des migrants illégaux sur la riche île de Martha’s Vineyard (Massachusetts) dans le cadre d’une campagne politique coûteuse – et cruelle pour de nombreux détracteurs – menée par les gouverneurs républicains visant à déplacer l’immigration vers les régions démocrates.

Il fait maintenant l’objet d’une enquête du département du Trésor qui cherche à savoir si DeSantis a utilisé les fonds fédéraux destinés à l’aide en cas de pandémie pour faire partir les deux avions de migrants vénézuéliens vers Martha’s Vineyard.

Ron DeSantis est enfin entré en guerre contre Disney, jugeant l’entreprise trop progressiste depuis que ses dirigeants ont publiquement dénoncé, en 2022, son projet de loi qui restreignait l’enseignement des sujets en lien avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les écoles primaires de Floride. Il a mis fin en février au statut spécial dont bénéficiait Disney dans son État depuis les années 1960. Le gouverneur a aussi publiquement évoqué la construction d’une prison près de Disney World ou de nouvelles taxes sur les hôtels du site.

À la manière de Trump   

Malgré les controverses, ces actions offensives et très médiatisées ont contribué à renforcer le profil de Ron DeSantis au rang national.

Comme Donald Trump, Ron DeSantis est lui aussi enclin à la dissimulation et à l’hyperbole – Politifact, site Internet vérifiant la véracité des promesses et engagements pris par les politiques américains, a classé nombre de ses déclarations publiques comme “fausses” ou “presque fausses”.       

Mais DeSantis affiche aussi des différences notables avec l’ex-président américain, notamment lorsqu’il s’est inquiété du déficit croissant qui a commencé à gonfler alors que Donald Trump était au pouvoir. Il a aussi soutenu une loi pour lutter contre l’augmentation du niveau de la mer. Et il s’est également positionné en faveur d’un durcissement des sanctions contre la Russie, là où Trump pensait que l’Ukraine devait travailler à un accord avec Vladimir Poutine.

Cité par le New York Times, un allié de DeSantis définissait la politique du gouverneur de Floride comme du “Trumpisme compétent”.

Dans son face-à-face avec Donald Trump, Ron DeSantis peut en tout cas compter sur un imposant trésor de guerre de 110 millions de dollars, grâce auquel il espère rattraper un peu son retard en inondant le pays de spots publicitaires.

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Dans une des vidéos récentes de son comité d’action politique, on voit un homme poser un auto-collant “DeSantis président” sur une voiture, pour remplacer un “Trump 2016”. C’est un condensé du message que le gouverneur veut passer aux électeurs : face au milliardaire de 76 ans, Ron DeSantis prétend incarner la nouvelle garde.

Ce dernier pourrait également compter sur le soutien des nombreux anti-Trump du parti républicain – dont certains ont depuis voté pour les démocrates – ce qui lui confère un attrait national plus large encore.

“Il y a beaucoup de républicains de l’establishment qui reviendraient à la maison pour DeSantis”, a déclaré au Washington Post en septembre David Jolly, ancien membre républicain du Congrès qui a servi avec DeSantis et est depuis devenu un indépendant.

Selon lui, DeSantis “a adopté le programme de Trump en Floride et fait des choses semblables à Trump… mais il en est en fait très éloigné”.

Et alors que Trump ne faisait pas de quartier à ses critiques ou à ses adversaires politiques, DeSantis, lui, essaie de montrer qu’il peut s’élever au-dessus de la politique lorsque l’occasion l’exige.

C’est ainsi qu’en septembre dernier, Ron DeSantis a félicité le président Joe Biden pour avoir déclaré l’état d’urgence, libérant ainsi des fonds fédéraux pour la Floride et permettant aux agences de coordonner les efforts de secours avant le passage de l’ouragan Ian. “Nous apprécions la considération de l’administration Biden pour le peuple de Floride en cette période de besoin “, avait-il déclaré.

Un véritable changement de ton pour DeSantis, qui utilise régulièrement le président comme un faire-valoir politique, le critiquant sur des questions allant de l’Afghanistan aux mandats de vaccination.

De Harvard à Guantanamo

Son chemin jusqu’à la Maison Blanche reste toutefois semé d’embûches. Le gouverneur accuse un sérieux retard face à Donald Trump – officiellement candidat depuis le 16 novembre 2022 – selon de nombreuses enquêtes d’opinion.

Des sondages qui doivent être pris avec des pincettes, tant le scrutin est encore loin, mais que Donald Trump s’est empressé de partager sur son réseau social mardi, dès les premières rumeurs de l’annonce de Ron DeSantis.

Le principal handicap de ce père de trois enfants : un manque de charisme, pointé de toutes parts, malgré un parcours exemplaire.

En 2019, lorsque DeSantis prête serment comme gouverneur, il n’a que 40 ans et est le plus jeune gouverneur de Floride depuis un siècle. Sa biographie officielle le décrit invariablement comme un “Floridien de naissance aux racines de col bleu” qui a ensuite suivi une trajectoire de haut vol de l’université de Yale à la faculté de droit de Harvard (il a obtenu un diplôme avec mention aux deux).

Ron DeSantis a terminé l’école de justice navale en 2005 et a été affecté l’année suivante comme avocat militaire au centre de détention de Guantanamo Bay, à Cuba, où il était notamment chargé de veiller à ce que les détenus soient traités conformément à la loi, selon un compte rendu du Tampa Bay Times. Il a ensuite été conseiller juridique auprès du commandant des forces spéciales à Fallujah lors du “renforcement” des troupes américaines en Irak en 2007.

Il a été élu pour la première fois au Congrès en 2012 en tant que représentant du sixième district de Floride. Pendant son premier mandat, il a cofondé le Freedom Caucus, un groupe de législateurs conservateurs de droite dure. Il est également devenu un invité fréquent de Fox News et a gagné le soutien du Tea Party, un mouvement de droite virulemment anti-Obama, avant d’être réélu en 2016.

Un clivage républicain ?

En 2017, lorsque Trump devient président, DeSantis est l’un de ses plus fervents partisans. Il passe du temps à l’observer et va jusqu’à adopter en partie son style.

Selon des témoignages recueillis par le magazine Rolling Stone, l’ancien président aurait accusé DeSantis de “voler” certaines de ses manières. Une vidéo de The Recount souligne d’ailleurs les parallèles dans un montage plaçant les deux hommes parlant côte à côte en écran partagé.

“DeSantis imite certainement le style, la rhétorique et le langage corporel de Trump”, a déclaré Dan Eberhart, donateur de longue date du parti républicain, à Rolling Stone, ajoutant que le style “grandiloquent” de DeSantis semble être “arraché directement d’un guide de style de Donald Trump”.

Si Dan Eberhart a fait des dons à Trump dans le passé, il a déclaré préférer soutenir DeSantis dans la prochaine course présidentielle. 

De quoi alimenter les invectives que ne manque pas de lancer Donald Trump à l’encontre de son rival. Selon le Washington Post, l’ancien président aurait qualifié le gouverneur d'”ingrat”, disant à ses conseillers : “C’est moi qui l’ai fait.”

“Le problème avec DeSantis, c’est qu’il aurait besoin de se faire greffer une personnalité”, moquait encore récemment Donald Trump sur son réseau, Truth Social.

Article adapté de l’anglais en novembre 2022 par Pauline Rouquette et mis à jour en mai 2023 par Romain Brunet. Retrouvez ici la version originale.

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