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Fournir des F-16 à l’Ukraine : un casse-tête diplomatique et un défi logistique

Londres a annoncé mardi vouloir bâtir une “coalition internationale” pour aider l’Ukraine à obtenir des avions de combats américains F-16. Une perspective qui se heurte pour le moment au veto de la Maison Blanche et à d’immenses défis logistiques.

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Les lignes continuent à bouger sur le front des livraisons d’armes à l’Ukraine. Après les chars et les missiles longue portée promis par Londres, Kiev ne semble jamais avoir été aussi proche d’obtenir des avions de chasse américains F-16.

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Le Royaume-Uni a assuré mardi 16 mai vouloir bâtir une “coalition internationale” pour aider l’Ukraine à obtenir ces avions de combat, a indiqué Downing Street à l’issue d’une rencontre entre le Premier ministre britannique Rishi Sunak et son homologue néerlandais Mark Rutte.

L’armée britannique n’utilise pas elle-même de F-16 mais son successeur, le F-35 Lightning II, ainsi que des Eurofighter Typhoon. En revanche, les Pays-Bas sont prêts à se séparer de quelques-uns de leurs F-16 “Fighting Falcons”. 

Fin janvier, le constructeur américain Lockheed Martin avait également indiqué être en capacité de fournir rapidement ces appareils que l’Ukraine réclame à grands cris depuis des mois pour leur grande disponibilité et leur polyvalence.

Avion à tout faire 

Conçu dans les années 70 par General Dynamics, le F-16 est l’avion de combat le plus répandu au monde, avec 4 500 exemplaires fabriqués, et reste l’un des modèles les plus exportés de ces dernières années. En service dans 25 pays, ce mono réacteur, qui mesure 15 mètres de long pour une envergure de près de 10 mètres, séduit les alliés de Washington pour sa vivacité et sa grande maniabilité.

Au cours de sa longue carrière, ce best-seller a connu de nombreuses évolutions. S’il a été imaginé à l’origine pour le combat aérien, il est aujourd’hui capable de tout faire – ou presque. Il peut être utilisé aussi bien pour défendre l’espace aérien que pour faire office de bombardier tactique.

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“Au fur et à mesure, il est devenu plus polyvalent jusqu’aux versions les plus modernes comme le Block-52 vendu récemment à la Pologne. Cependant, si des F-16 sont transférés en Ukraine, cela ne sera certainement pas les dernières générations mais plutôt des versions plus anciennes issues des stocks des armées belges, néerlandaises danoises ou encore norvégiennes”, estime Marc Chassillan, consultant dans le domaine de la défense.

Selon Kiev, le F-16 représenterait un immense atout pour son armée de l’air, qui ne peut compter depuis le début du conflit que sur des MiG-29 et des Su-27 soviétiques vieillissants et peu nombreux. Selon, le site d’analyse militaire Global firepower, l’Ukraine dispose de 187 appareils en service dont 41 chasseurs, soit dix fois moins que la Russie.

“Oiseaux en cage”

Mais pour obtenir ces précieux avions de combat, l’Ukraine devra encore attendre le feu vert de la Maison Blanche qui refuse d’offrir des moyens aériens à Kiev par crainte d’une escalade du conflit.

“La question tourne autour du franchissement de la frontière russe. La raison d’être d’une aviation de combat, c’est de porter le feu chez l’ennemi. Or, il y a ici un obstacle politique”, analyse Marc Chassilan. “Ne pas franchir la frontière russe, ce serait faire un usage très limité de ce type d’armement. Faire voler des F-16 uniquement dans le ciel ukrainien, ce serait comme mettre des oiseaux en cage”, résume le spécialiste des questions militaires. 

Interrogé une nouvelle fois lundi sur la possibilité de fournir des F-16 américains à l’Ukraine, John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche, a réaffirmé l’opposition de Washington qui semble vouloir maintenir une stratégie défensive dans le ciel ukrainien. 

Kiev n’a certes pas la maîtrise des airs, mais elle dispose de nombreux systèmes de défenses anti-aérien qui dissuadent l’aviation russe de mener des opérations au-delà de la ligne de front.

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“Cependant, les stocks de missiles anti-aériens commencent à s’épuiser dangereusement car l’Ukraine en fait une très grande consommation. À un moment donné, le F-16 pourrait prendre le relais pour pallier une insuffisance passagère ou locale. C’est un avion parfaitement capable d’abattre un missile de croisière”, détaille Marc Chassillan.

Une chaîne logistique coûteuse

La pression s’accentue ces dernières semaines sur l’administration Biden. Des élus démocrates et républicains ont appelé fin avril le gouvernement américain à valider la livraison de F-16 mais également à fournir des missiles de longue portée. Un pas franchi par le Royaume-Uni qui aurait commencé à envoyer à Kiev des missiles “Storm shadow”.

Par ailleurs, plusieurs pays ont récemment ouvert la porte à des livraisons d’avions de combat occidentaux. Des formations de pilotes ukrainiens vont notamment commencer en France a confirmé lundi le président Emmanuel Macron lors d’une interview télévisée.

Mercredi, les ministres britannique et allemand de la Défense ont estimé qu’il revenait désormais à la Maison Blanche de décider d’une éventuelle livraison à Kiev d’avions de combat F-16. 

“Nous n’avons pas de F-16 et nous n’allons pas livrer d'(avions) Typhoon mais nous pouvons évidemment contribuer à la formation et au soutien, dans les limites du fait que nous n’avons pas de pilotes de F-16”, a expliqué le ministre britannique Ben Wallace en visite à Berlin.

Mais le veto de Washington n’est pas le seul obstacle à la livraison de F-16 à l’Ukraine. Il faut non seulement former des pilotes mais aussi du personnel au sol ainsi que mettre en place une coûteuse chaîne logistique. 

“Il faut des avions révisés et en état de vol, des outillages, des pièces de rechange… Il y a tout un attirail qui va avec l’avion et dont la disponibilité aujourd’hui n’est pas garantie”, explique Marc Chassillan.

“Il y a aussi la problématique des armements accrochés sous les ailes. Les armées occidentales ont-elles suffisamment de bombes, de missiles, d’obus pour les canons ? Les stocks ne sont pas très importants. Or, sans armement, un F-16 n’a absolument aucune valeur”, conclut l’expert.

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