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Fils du shah d’Iran en Israël : entre pari “risqué” et quête d’un “plus large soutien international”

Reza Pahlavi, héritier du shah d’Iran, a annoncé qu’il se rendait ce lundi en Israël avec pour objectif affiché de “renouer les liens anciens” entre les deux pays. Mais le prince héritier en exil, perçu comme légitime porte-voix par une partie du mouvement de protestation en Iran, semble prendre “une part de risque” politique avec ce déplacement. Entretien avec Thierry Coville, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’Iran.

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Le prince héritier du shah en visite chez l’”ennemi” de la République islamique d’Iran. Reza Pahlavi a annoncé dans un communiqué publié sur Twitter, dimanche, qu’il se rendait, lundi 17 avril, en Israël pour notamment y “renouer des liens anciens” entre les deux pays et “transmettre un message de paix et d’amitié de la part du peuple iranien”.

“Des millions de mes compatriotes se souviennent encore d’avoir vécu aux côtés de leurs amis et voisins juifs iraniens avant que la révolution islamique ne déchire le tissu de notre société”, explique le fils du shah d’Iran, qui participera aux commémorations de l’Holocauste, Yom Hashoah. “Je veux que le peuple d’Israël sache que la République islamique ne représente pas le peuple iranien. Les anciens liens entre nos peuples peuvent être renoués pour le bénéfice de nos deux nations. Je me rends en Israël pour jouer mon rôle dans la construction de cet avenir radieux”, a-t-il écrit.

Reza Pahlavi, bien qu’en exil depuis quarante-trois ans aux États-Unis, veut se positionner comme un porte-voix légitime aux yeux d’une partie du mouvement de protestation en cours depuis septembre 2022 en Iran.

Depuis quelques mois, il multiplie les déplacements internationaux – dont une tournée européenne ces dernières semaines. Cette visite intervient alors qu’Israël multiplie les actions pour contrer le programme nucléaire iranien et a récemment attaqué plusieurs cibles en Syrie et au Liban, liées au pouvoir iranien. Elle pourrait, cependant, représenter “une part de risque” politique pour Reza Pahlavi, alors que la structuration du mouvement d’opposition iranien n’en est qu’à ses débuts, comme l’explique Thierry Coville, chercheur à l’Iris et spécialiste de l’Iran.

France 24 : quelle est l’importance symbolique de la visite du fils du shah d’Iran en Israël ?

Thierry Coville : C’est une visite importante pour deux grandes raisons. Il y a un mouvement de protestation en Iran depuis septembre 2022, et l’opposition iranienne n’a jamais été autant unie et le fils du shah fait partie du comité de plusieurs personnes chargées d’organiser cette opposition à la République islamique d’Iran.

Par ailleurs, Israël est l’ennemi de la République islamique d’Iran – qui a complètement changé sa politique vis-à-vis de l’État hébreu à la révolution en 1979, alors que les deux pays avaient des relations diplomatiques du temps du shah (qui a régné entre 1941 et 1979, NDLR). De ce point de vue, le fait que le fils fasse une visite en Israël est tout sauf anecdotique.

Après, il faut être prudent. L’opposition iranienne à l’extérieur de l’Iran n’en est qu’à ses débuts. Elle n’a jamais été autant unie, mais d’un autre côté ce ne sont que les prémices d’une tentative de représenter une alternative politique. Cela fait partie de la stratégie qu’elle est en train de mener, à savoir d’avoir le plus large soutien international possible. Le fils du shah a fait des visites aux Parlements français et britannique en février, aux Parlements européen et belge en mars… Il y a donc une logique pour Reza Pahlavi de se rendre en Israël.

En quoi cette visite est-elle un pari politique risqué pour Reza Pahlavi ?

Des critiques existent dans l’opposition iranienne sur la légitimité de Reza Pahlavi. Pas mal de gens étaient des opposants à la monarchie des Pahlavi. Un certain nombre de personnes n’acceptent pas la vision des partisans du fils du shah – qui voudrait avoir un rôle de meneur dans cette opposition.

Reza Pahlavi se pose quelque part en leader de ce mouvement d’opposition, il montre son opposition à la République islamique en se rendant en Israël. Au même moment, le rôle directeur du mouvement qu’il représente est contesté de l’intérieur par certains. Il y a donc une part de risque politique dans cette visite.

>> À lire aussi : Reza Pahlavi, fils du Shah, porte-voix légitime du mouvement de protestation en Iran ?

Ce déplacement peut-il amener une désunion dans l’opposition iranienne, dont une partie voit en lui un porte-voix des revendications anti-République islamique ?

À partir du moment où il y a déjà ces tensions, ce qui peut braquer certaines personnes c’est le rôle de leader qu’essaie de prendre le fils du shah. Cela pourrait augmenter les tensions. La question de quel mouvement doit être le leader (de l’opposition iranienne, NDLR) va continuer à se poser après la visite de Reza Pahlavi en Israël. Il est encore tôt pour affirmer que ce mouvement peut se désunir.

Actuellement, la population iranienne a un vrai rapport de force avec la République islamique. La visite de Reza Pahlavi en Israël ne va pas changer grand-chose dans cette perspective. Dans la rue, on entend des slogans en faveur de la monarchie des Pahlavi, mais c’est plus une manière de s’opposer à la République islamique d’Iran que de vouloir un rétablissement de la monarchie.

Quels est finalement l’objectif du prince héritier d’Iran avec ce déplacement ?

C’est essayer de légitimer l’opposition à la République islamique d’Iran en effectuant des voyages à l’étranger pour rencontrer les dirigeants de la communauté internationale. Là où ça pourrait poser problème, c’est pourquoi lui ? Il se saisit de l’étendard de représentant de cette opposition.

Le fait que Reza Pahlavi entreprenne de lui-même un voyage aussi symbolique dans l’État hébreu, et compte tenu de l’histoire et des relations Iran-Israël avant et après la révolution, c’est effectivement pour lui une manière de se poser en dirigeant de ce mouvement. Même si la question de qui doit être à la tête du mouvement se pose encore, le fils du shah semble dire que c’est lui

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