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Commerces fermés, vidéo-surveillance : l’Iran durcit la répression contre les femmes non voilées

Les autorités iraniennes poursuivent leur politique de répression pour imposer aux femmes le port du voile dans les lieux publics. Depuis quelques semaines, les commerces sont obligés de refuser l’entrée aux femmes non voilées, sous peine d’une sanction pouvant aller jusqu’à la fermeture administrative. Une stratégie qui vise à monter les citoyens iraniens les uns contre les autres, dénoncent nos Observatrices.

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Chaque jour, des communiqués font état de la fermeture de restaurants, cafés, centres commerciaux et autres pharmacies à travers l’Iran, pour non-respect de la réglementation sur le hijab. 


Une vidéo diffusée sur Twitter le 16 avril montre un agent de l’aéroport de Bushehr refusant de délivrer une carte d’embarquement à des femmes qui ne portaient pas le hijab.

Le chef de la police iranienne, Ahmad-Reza Radan, a déclaré que le refus de porter le voile ne serait plus toléré à partir du 15 avril. Il a également annoncé que les femmes qui l’enlèveraient seraient identifiées grâce à des caméras intelligentes, et sanctionnées. 

Mais des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent que des femmes iraniennes continuent de sortir en public sans foulard.


Une vidéo partagée sur Twitter le 14 avril montre le personnel du métro de Mashhad, en Iran, qui refuse de laisser les femmes monter dans le métro sans hijab.

Contactées par la rédaction des Observateurs de France 24, deux Iraniennes racontent comment leur vie est affectée par ces nouvelles restrictions.

“Ils veulent monter les commerçants contre la population”

Pendar (nom modifié) travaille dans le secteur du tourisme, dans une ville du nord de l’Iran.

Aujourd’hui, je ne porte qu’une chemise et un pantalon. Et cela ne m’a jamais posé de problème. Pendant les dernières vacances de Norouz [du 21 mars au 2 avril], j’ai voyagé dans de nombreuses villes et visité de nombreux sites touristiques, sans jamais avoir eu de  problème.

Le seul endroit où l’on m’a demandé de me couvrir la tête était un centre commercial situé sur la route près de Qom [l’une des villes saintes les plus importantes du chiisme, NDLR]. Ce centre commercial a été fermé deux fois au cours des dernières semaines parce que des clientes ne portaient pas de foulard. J’ai donc couvert ma tête avec un sac pendant quelques secondes. 

Dehors, personne ne portait de hijab. Les femmes mettaient rapidement quelque chose sur la tête avant d’entrer acheter un café et sortir rapidement.  Elles l’enlevaient immédiatement à la sortie, c’était drôle.

Les autorités veulent monter les commerçants contre la population, mais elles n’y parviendront pas. D’après ce que je peux voir, les gens soutiennent les femmes sans hijab. 

Certes, des vidéos sont diffusées dans les aéroports ou les stations de métro montrant des femmes sans hijab se voir refuser un service, mais on a l’impression que la République islamique fait cela principalement pour que ses partisans puissent dire : “Regardez, nous n’avons pas cédé à la tentation à la suppression du hijab obligatoire”, “Nous n’avons pas abandonné, nous nous battons”. 

C’est surtout de la propagande. Mais en réalité, lorsque je prends le métro, fais mes courses ou me rend dans un café, ils n’osent pas harceler les femmes, du moins jusqu’à présent.

À mon avis, ils ne peuvent rien y faire. Il y a des millions de femmes qui refusent le hijab obligatoire, et la République islamique n’a ni le personnel ni l’argent pour s’en prendre à ces millions de femmes. Ce samedi [15 avril] j’ai porté la même tenue que tous les autres jours. Je n’avais pas peur et je me sentais encore plus soutenue par les gens dans la rue. Les gens me souriaient, faisaient parfois les uns aux autres des signes de victoire. J’ai même traversé la rue devant des policiers qui n’ont pas osé me dire quoi que ce soit.





“Les gens boycotteront les magasins qui demanderont le port du hijab”

Helen (nom modifié), 29 ans, est étudiante dans une ville du nord de l’Iran. 

Dès les premiers jours de la révolution [en septembre 2022, après la mort de Mahsa Amini], j’ai enlevé mon foulard. Honnêtement, au début il ne s’agissait pas de réclamer la liberté, mais je l’ai fait sous le coup de la colère. Pendant longtemps, j’ai gardé un foulard dans mon sac ou j’ai porté un chapeau. Aujourd’hui, cela fait des semaines que je n’ai pas porté de foulard ou de chapeau. La seule fois où j’ai eu un problème, c’était il y a quelques semaines à l’aéroport. Ils m’ont obligée à me couvrir la tête avec un chapeau pour me donner ma carte d’embarquement. Mais dans la rue, il n’y avait que du soutien de la part des gens.

Depuis que la République islamique a intensifié ses efforts pour obliger les femmes à porter à nouveau le hijab, honnêtement, je suis un peu stressée par ce qui va se passer, et je vois de plus en plus d’amies sortir avec un foulard dans leur sac, “au cas où”. 

Cependant, je ne changerai plus ma tenue comme l’exigent les islamistes. Je suis sûre que s’ils exercent davantage de pression sur nous, cela ne fera qu’accroître les protestations. Je ne pense pas non plus que la pression exercée sur les entreprises soit efficace. D’un côté, j’ai l’impression que les gens se serrent les coudes et se soutiennent mutuellement, et d’un autre côté, je sais que si un propriétaire de magasin demande à ses clientes de porter le hijab, les gens le boycotteront. Donc d’un point de vue économique, il n’est pas judicieux que les magasins fassent pression sur les gens.





Des responsables iraniens, dont le général Radan, ont annoncé le déploiement de caméras de surveillance et d’outils de reconnaissance faciale pour identifier les femmes qui ne portent pas le voile dans les lieux publics. Toutefois, aucun élément ne permet de confirmer à ce jour un déploiement effectif de cette technologie. 


Dans Ce Tweet, Un Utilisateur Appelle Les Iraniens À Boycotter Un Magasin À Rasht, En Iran, Qui Exige Que Ses Clientes Portent Un Hijab.

Le régime iranien a mis en place depuis 2019 une plateforme Internet sur laquelle ses partisans peuvent renseigner le numéro de plaque d’immatriculation d’un véhicule si le femme qui se trouve à bord ne porte pas le hijab. Les partisans du régime peuvent ainsi dénoncer les personnes qui ne respectent pas cette obligation à la police. Le propriétaire de la voiture recevra un SMS et devra payer une amende. Les Iraniens ont toutefois la parade pour rendre cet outil de délation inopérant.





Pendar, notre observatrice, explique :

Si les gens voient une voiture avec une femme portant un hijab ou un tchador à bord, ils signalent la plaque d’immatriculation sur la plateforme. Beaucoup de personnes portant le hijab s’en plaignent auprès de la plateforme, car injustement accusées. Le chaos provoqué rendra la plateforme complètement inefficace. 

La rédaction des Observateurs de France 24 a pu s’entretenir avec plusieurs personnes, à Téhéran et Ispahan, qui ont confirmé que leurs proches ont reçu des SMS émanant de la plateforme officielle affirmant qu’elles n’avaient pas porté le voile en voiture, alors que qu’elles l’avaient porté, et même un tchador noir pour certaines. 

Le porte-parole de la police, Saeed Montazeralmahdi, a déclaré que ses services ont reçu des milliers de SMS de citoyens signalant des véhicules portant un hijab non conforme. 

La police a en outre annoncé avoir fermé 138 magasins et 18 restaurants dont les clients ne respectaient pas le port du hijab, pour la seule journée du 15 avril. 

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