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Coronavirus : «Si les Français ne prennent pas plus conscience du danger…»

Le professeur William Dab (photo), épidémiologiste et ex-directeur général de la santé estime que l’on peut encore vaincre le Covid-19 mais que le « pire des scénarios provoquerait 800 000 morts en France », ecrit 

 « En ce moment nous doublons la mortalité tous les deux jours et demi. La courbe de l’épidémie monte en flèche, c’est exponentiel », explique William Dab.
« En ce moment nous doublons la mortalité tous les deux jours et demi. La courbe de l’épidémie monte en flèche, c’est exponentiel », explique William Dab. Twitter/William Dab

Il le dit d’entrée : son message est à la fois « rassurant » et « alarmant ». William Dab, ancien directeur général de la santé, en poste de 2003 à 2005 après la crise caniculaire qui avait fait plus de 15,000 morts en France à l’été 2003, décrypte l’évolution de l’épidémie de Covid-19. Même s’il juge que la situation est « très grave », il estime que « l’épidémie peut encore être cassée ».

Comment jugez-vous l’évolution de l’épidémie en France ?

WILLIAM DAB. Mon premier message est rassurant. On fait face à une menace très grave mais, même sans vaccin et sans médicament spécifique, on peut encore casser cette épidémie. Il suffit de respecter une distance physique de deux mètres entre deux individus, et le virus n’aura plus personne à infecter, et va régresser. Si on ne fait pas cela, on va tout droit à une catastrophe sanitaire.

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Qu’entendez-vous par là ?

Je ne spécule pas. En ce moment, nous doublons la mortalité tous les deux jours et demi. La courbe de l’épidémie monte en flèche, c’est exponentiel. A Paris, notamment, et dans le Grand Est encore plus, nos capacités hospitalières sont presque à bout. Il faut donc absolument lancer un appel à la responsabilité individuelle pour faire reculer le Covid-19 en respectant vraiment les gestes barrières.

Si ce n’est pas le cas, quel est le pire des scénarios ?

Le pire scénario, c’est que le virus affecte 40 millions de personnes. Avec un taux de mortalité de 2 %, cela fait 800 000 morts en France. Il faut le dire. Il faut mettre chacun face à la réalité. Appeler un chat un chat. Nous sommes devant la pire catastrophe sanitaire depuis un siècle.

Quel est le scénario plus rassurant ?

Dans une hypothèse plus médiane, on peut estimer que 10 à 15 millions de gens vont être touchés, mais sur une durée étalée sur deux mois, deux mois et demi. Le système hospitalier sera moins asphyxié. Là, on peut espérer un taux de mortalité largement inférieur à 1 %, de l’ordre d’une dizaine de milliers de victimes, ou un peu plus. C’est beaucoup, mais cela reste dans l’ordre de grandeur de mortalité des épidémies de grippe habituelles. On n’est pas alors dans une catastrophe sanitaire, comme cela risque d’en prendre le chemin si les Français ne prennent pas plus conscience du danger.

Emmanuel Macron a annoncé ce lundi soir des mesures plus fortes, en évoquant des déplacements très réduits et des sanctions. Qu’en pensez-vous ?

Ce sont des mesures nécessaires. Il faut toutefois attendre les modalités précises pour les jauger. Mais il est évident que la limitation de déplacements est efficace. En restant chez soi, loin des autres, on casse la dynamique du virus. Il est encore temps! Nous ne sommes pas face au pire des virus, qui resterait longtemps dans l’air. Si nous respectons vraiment les consignes de confinement, il reculera. Ce qui se joue ces jours-ci est capital. Une démocratie peut lutter contre un virus, mais il faut être responsable et prendre des mesures strictes. La dictature chinoise a cassé l’épidémie, mais elle a été jusqu’à poser des scellés sur des logements, des gens étaient bornés sur leur portable s’ils sortaient de chez eux, avec envoi de drone de reconnaissance faciale en cas de manquement à la règle. Veut-on un état policier ou militaire pour faire respecter la santé publique? À nous d’être responsable.

Pensez-vous que l’Etat français a tâtonné jusqu’à présent ?

J’ai envie d’être indulgent. Mais l’idée de maintenir les élections municipales n’était pas une bonne idée en termes de santé publique. En revanche, le ministère de la Santé et la DGS ont bien fait leur travail en martelant les conseils de geste barrière, qui ont été très bien répercutés par la presse. Mais cela n’a pas suffi

Comment cela s’explique-t-il ?

Le drame, et c’est le cas dans toutes les nouvelles épidémies, c’est que les gens ne prennent pas le danger au sérieux. C’était le cas au début du sida, on n’y croyait pas, de bonne foi. À bien des égards, il y a des ressemblances entre l’irruption du VIH et celle du Covid-19. Nous sommes dans les deux cas face à la nouveauté. L’autre facteur qui a joué en notre défaveur, c’est l’illusion selon laquelle le péril infectieux était terminé. Mais c’est faux, la preuve. Je veux encore croire au sursaut, pour vaincre le coronavirus.

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