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Un an après la naissance de la Nupes, les élections européennes cristallisent les divisions

L’union de gauche mise sur pied il y a un an entre La France insoumise, le Parti socialiste, Europe Écologie-Les Verts et le Parti communiste fait face à un défi : les quatre partenaires se divisent sur la stratégie à suivre en vue des élections européennes de 2024.

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C’est un anniversaire sans gâteau ni bougie. La Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) a eu un an la semaine dernière, mais le cœur n’était pas franchement à la fête. Réunis le temps d’une soirée, mardi 2 mai, les leaders de La France insoumise (LFI), du Parti socialiste (PS), d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) et du Parti communiste (PCF) ont passé davantage de temps à s’écharper qu’à se féliciter du travail accompli depuis mai 2022.

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En cause, des tensions apparues ces dernières semaines mais aussi et surtout la stratégie pour les mois à venir, et en particulier pour les élections européennes du printemps 2024. Déjà évoquée à plusieurs reprises ces dernières semaines, la question d’une éventuelle liste commune a de nouveau cristallisé les divisions mardi soir : entre LFI qui la souhaite ardemment et EELV qui s’y oppose farouchement, les partenaires de la Nupes sont contraints, en l’état, d’acter leurs divergences et de s’interroger sur leur avenir commun.

À voir aussi Marine Tondelier (EELV) : “Le fonctionnement de l’intersyndicale doit inspirer la Nupes”

Même Jean-Luc Mélenchon, d’habitude si enclin à balayer d’un revers de main les difficultés de la Nupes, a bien voulu admettre, samedi 6 mai, que l’alliance vivait actuellement un moment délicat.

“Il est passé une année entière depuis que nous avons créé la Nupes, bien sûr c’était difficile, bien sûr que ça le reste, bien sûr que c’est compliqué, et alors ? Il [ne] faut faire que les choses faciles dans la vie ? Alors ce serait vite fait !”, a déclaré l’ancien candidat à la présentielle en marge d’une “marche de toutes les colères” à Marseille.

Les écologistes bien décidés à jouer leur carte

Malgré des tensions récurrentes et des divergences stratégiques, l’alliance, qui est devenue en juin 2022 la première force d’opposition à Emmanuel Macron avec 151 députés Nupes – dont 75 LFI, 31 PS, 23 EELV et 22 PCF –, a mené la bataille à l’Assemblée nationale contre l’adoption du budget 2023 et contre la réforme des retraites, gagnant même quelques victoires symboliques. Elle a notamment contraint le gouvernement à revoir sa copie sur le nombre réel de bénéficiaires de la pension minimale à 1 200 euros.

Et pas plus tard que jeudi 4 mai, lors de la niche parlementaire du PCF, la Nupes a permis l’adoption à l’Assemblée d’une proposition de loi contre le démantèlement d’EDF. Les députés ont voté ce texte par 127 voix contre 89 et une abstention, contre l’avis du gouvernement, pour “protéger EDF d’un démembrement”. La proposition de loi entend aussi élargir le nombre d’entreprises et collectivités bénéficiaires de tarifs réglementés de l’électricité.


Malgré tout, la domination des insoumis et l’ombre permanente de Jean-Luc Mélenchon au-dessus de la Nupes agacent socialistes, écologistes et communistes, qui entendent désormais rééquilibrer le rapport de force.

Dans cette optique, la secrétaire nationale d’EELV, Marine Tondelier, est bien décidée à profiter des élections européennes – un scrutin habituellement favorable aux écologistes – pour réaffirmer le poids de son parti. “Il ne faut pas confondre convaincre et contraindre”, a-t-elle lancé, cinglante, le 30 avril, dans un entretien au Journal du Dimanche, tout en rappelant les divergences qui opposent EELV et LFI sur “des sujets qui sont loin d’être un détail” comme le “rapport à la Chine, l’Ukraine, la défense européenne, etc.”


Un point de vue que conteste LFI. Dans une longue réponse publiée sur Twitter mardi 2 mai, l’eurodéputée insoumise Manon Aubry a minimisé ces divergences, faisant valoir qu’insoumis et écologistes avaient le plus souvent des positions communes au Parlement européen en matière de politique étrangère et que l’accord de la Nupes de 2022 comportait bien un chapitre sur l’Europe.

Éviter le scénario de 2019

“Si nous avons su dépasser nos désaccords du passé, c’est précisément parce que nous avons choisi à un moment de mettre les caricatures de côté pour se projeter dans l’exercice concret du pouvoir : comment dépasser les contradictions entre nos propositions et certaines règles européennes ? Alors bien sûr, le programme doit être enrichi, complété, mais c’est une bonne base de départ”, écrit Manon Aubry.

À voir aussi Manon Aubry (LFI) : “L’enjeu aux européennes, c’est de l’emporter face au RN et aux macronistes”

Les insoumis estiment également que l’image sera désastreuse face à l’extrême droite et à la majorité présidentielle si la Nupes part séparée. Il s’agit d’éviter le scénario des européennes de 2019, lorsque la gauche éparpillée avait réalisé des scores compris entre 13,48 % (EELV) et 2,49 % (PCF), alors que le total de ses voix représentait 31,74 % des suffrages, loin devant les 23,24 % du Rassemblement national et les 22,42 % de La République en marche (devenue depuis Renaissance).

Peu importe, EELV reste sourd à ces arguments et continue d’affirmer une ligne autonome pour 2024, tout en clamant vouloir une candidature unique de la gauche à l’élection présidentielle de 2027. De leur côté, les socialistes se disent prêts à une discussion sur “le fond” pour savoir si une liste commune est possible, tandis que les communistes – dont le secrétaire national Fabien Roussel a récemment jugé la Nupes “dépassée” – estiment irréaliste une telle liste qui “défend tout et son contraire”, envisageant même une candidature séparée en 2027.

À lire aussi En difficulté, la Nupes cherche le mode d’emploi pour retrouver l’union

Un an après sa naissance, la Nupes vit un moment charnière. Elle fait face au risque de retomber dans les travers habituels de la gauche. Entre volonté hégémonique de LFI et désir de ses partenaires de prendre une place plus importante au sein de l’alliance, voire même d’exister par eux-mêmes, plane la menace d’une désunion.

De quoi désespérer leurs électeurs. Selon un sondage Ifop publié le 3 mai dans le JDD, 76 % des sympathisants de gauche se disent favorables à une liste commune aux européennes. Dans le détail, ils sont 62 % à le désirer chez les socialistes, 70 % chez les écologistes, 89 % chez les insoumis et 90 % chez les communistes.

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