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La fusée Starship de SpaceX explose, et Elon Musk se réjouit ?

Le vol-test de Starship, la fusée géante de SpaceX, s’est achevé jeudi par une explosion après seulement quatre minutes de vol. Et pourtant Elon Musk et le patron de la Nasa se sont réjouis de la manière dont l’expérience s’est déroulée. À raison ?

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Ce serait un succès dans l’échec. Tel est le mantra de SpaceX, la Nasa et d’une partie des médias américains depuis l’explosion de la fusée Starship, quatre minutes après son décollage jeudi 20 avril.

“Bravo à SpaceX pour son premier vol-test intégré de Starship ! Chaque accomplissement majeur dans l’histoire a nécessité une prise de risques calculée”, a réagi Bill Nelson, le patron de la Nasa. “Félicitations à toute l’équipe pour un lancement-test passionnant !”, s’est réjoui Elon Musk, le fantasque PDG de SpaceX et Tesla.

Destruction délibérée de la fusée

Aucune référence dans ces félicitations et auto-congratulations à l’explosion. Le compte twitter de SpaceX a même préféré utiliser la périphrase de “démontage rapide imprévu” pour qualifier l’accident.

Pourtant, les ingénieurs ont bel et bien appuyé sur le bouton d’auto-destruction de cette énorme fusée de 119 mètres de haut alors qu’elle se trouvait à 39 km de la terre. “Quand ils se sont aperçus que les deux parties de l’engin spatial ne se désolidarisaient pas comme prévu, ils ont préféré le faire exploser plutôt que de prendre le risque d’en perdre le contrôle”, résume Ian Whittaker, physicien spécialiste de l’espace à l’université Nottingham Trent.

Ce tout premier vol-test de la plus massive des fusées jamais construites n’a donc pas rempli sa feuille de route. Loin de là : Starship était censée atteindre les 150 km d’altitude et faire un tour quasi-complet de la Terre en orbite pendant 90 minutes avant de retomber dans le Pacifique.

À terme, Starship doit devenir la première fusée entièrement réutilisable. De quoi laisser entrevoir un avenir dans lequel le prix de vol vers l’espace serait considérablement réduit, puisqu’il suffirait de payer une fois pour une fusée capable de faire plusieurs allers-retours vers la Lune ou ailleurs.

Et c’est tout le problème avec l’explosion de la fusée Starship. “Elon Musk a fait de ce test un événement médiatique planétaire suivi par le monde entier, il s’attendait à un succès retentissant”, souligne Christopher Newman, spécialiste de droit et de politique de l’Espace à l’université de Northumbria. Finalement, le grand public a vu une giga-fusée censée être réutilisable à volonté disparaître après seulement quatre minutes de vol.

Pour le commun des mortels, SpaceX a ainsi englouti en quatre minutes dix ans de recherche et développement pour un projet qui a déjà coûté plus de deux milliards de dollars, d’après Elon Musk.

Difficile dans ces conditions de considérer ce vol-test comme un succès, et les déclarations d’Elon Musk et du patron de la Nasa semblent relever de la méthode Coué.

Quatre minutes de données collectées

Mais ce serait ignorer les leçons du passé. “Il ne faut pas minimiser le fait que la fusée a décollé correctement. Dans les années 1960 et 1970, les fusées explosaient généralement dès le décollage et pouvaient coûter la vie au personnel au sol ”, souligne Ian Whittaker.

Les quatre minutes passées à s’élever dans les airs ont permis d’amasser une quantité importante de données. “À cet égard, on peut dire que le vol-test a rempli son objectif”, estime Tomas Hrozensky, chercheur associé à l’Institut européen de politique spatiale.

La fusée a notamment passé un cap essentiel : celui du Max Q. C’est un point de la trajectoire de l’engin spatial “lors de son envol où il est soumis à la pression maximum qu’il rencontrera durant son périple”, explique Ian Whittaker. Starship y a survécu, prouvant “que les matériaux utilisés seront prêts à résister à toutes les conditions de vol”, affirme Tomas Hrozensky.

>> À lire aussi : Le SLS, la fusée XXL de la Nasa pour retourner sur la Lune

La tendance à voir ce vol-test comme un échec vient aussi de la comparaison avec les standards que s’imposent les grandes agences publiques comme la Nasa. Ces dernières “ne peuvent pas se permettre de perdre ainsi des fusées car leurs programmes sont financés par l’argent public ce qui les oblige à rendre davantage de comptes”, note Ian Whittaker.

SpaceX a plus de latitude à cet égard. “Les entreprises privées sont financièrement davantage à l’aise et acceptent plus volontiers de perdre des fusées car les vols-tests en conditions réelles constituent le seul moyen de réaliser des expériences impossibles en laboratoire, comme par exemple de mesurer la résistance au Max Q”, détaille Ian Whittaker.

Il n’empêche que l’explosion aussi vite après le décollage a dû priver SpaceX de certaines données essentielles. “On ne sait pas, par exemple, quel est le comportement de l’engin lorsqu’il redescend à toute allure vers la terre, ou comment il se comporte au-delà des 100 km au-dessus de la Terre”, énumère Tomas Hrozensky.

Un petit pas pour le retour de l’Homme sur la Lune

Si le succès de SpaceX avec Starship est aussi important pour les États-Unis, c’est que cette fusée est “cruciale pour la mission Artemis III” de la Nasa, affirme le Wall Street Journal. Ce programme doit marquer le retour d’astronautes américains sur la Lune à l’horizon 2025.

La Nasa a signé en novembre 2022 avec SpaceX un contrat de plus d’un milliard de dollars pour que la fusée Starship participe à l’alunissage des astronautes. Sur le papier Elon Musk “a donc trois ans pour que sa fusée soit prête à transporter en toute sécurité des êtres humains”, souligne le Wall Street Journal.

D’où l’importance pour SpaceX et la Nasa de présenter ce vol-test sous son meilleur jour afin de ne pas donner l’impression que la mission Artemis III risque de prendre du retard à cause de la compagnie d’’Elon Musk.

“Pour l’instant, ce vol-test ne remet pas le calendrier en cause”, estime Tomas Hrozensky. “La Nasa a même dû être rassurée de voir que SpaceX accepte de perdre des engins qui valent des millions de dollars pour voir ce qui fonctionne ou pas”, note Christopher Newman.

Mais il ne faudrait pas que les “échecs-qui-sont-en-vérité-des-succès” s’enchaînent. Elon Musk a déjà affirmé qu’un nouveau vol-test aura “lieu dans quelques mois“. “La pression sera alors plus grande sur lui pour faire mieux”, confirme Ian Whittaker. Cet expert estime qu’il faut environ quatre ou cinq tests concluants pour que Starship soit considéré comme suffisamment sûr pour participer à la mission Artemis III. Et l’un de ces tests devra forcément comprendre un alunissage réussi, ce qui prendra plus de temps que de faire voler la giga-fusée à 150 km au-dessus de la Terre.

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