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Retraites : le 49.3, un “coup dur au leadership” d’Emmanuel Macron

Le recours au 49.3 par Emmanuel Macron et Élisabeth Borne pour faire passer la réforme des retraites est vertement critiqué par la presse internationale et française, qui qualifie notamment cet article de la Constitution française de “bouton nucléaire parlementaire”.

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“Bouton nucléaire parlementaire”, “déclaration d’impuissance”, “coup dur au leadership” d’Emmanuel Macron : la presse internationale et française fustige unanimement, vendredi 17 mars, le recours à l’article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, et pointe du doigt Emmanuel Macron pour la crise politique et sociale qui menace.

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Aux États-Unis, Politico juge que cette décision “porte un coup dur au leadership” du président français, tandis que le New York Times souligne que “le conflit sur les retraites révèle un Macron affaibli et plus isolé”, rappelant que c’est sur la place de la Concorde, où se sont réunis les opposants à la réforme après l’annonce de l’utilisation du 49.3 par la Première ministre Élisabeth Borne, que furent décapités Louis XVI et Marie-Antoinette durant la Révolution française.

Le quotidien suisse Le Temps explique que le “bouton nucléaire parlementaire” que constitue le 49.3 “est perçu comme une violence démocratique” et qu’il “mettra probablement de l’huile sur le feu du mouvement social”.

“La République bloquée”, titre pour sa part Die Zeit, selon qui “il y a des réformes dont un gouvernement ne se relève jamais”. “La confiance dans le président et le Parlement, déjà en berne, a subi un coup supplémentaire ce jeudi. Emmanuel Macron en est le premier responsable”, juge l’hebdomadaire allemand.

L’utilisation du 49.3 symbolise “l’échec de la politique et une crise institutionnelle profonde”, écrit pour sa part El Pais, qui estime que le chef de l’État français a fait jeudi une “déclaration d’impuissance”. “Emmanuel Macron, dont la popularité est au plus bas, toujours remis en question pour son caractère hautain et déconnecté de la rue, est entré dans la même phase que ses prédécesseurs Alain Juppé, en 1995, et Nicolas Sarkozy, en 2010, lorsqu’ils ont eux aussi réformé les retraites”, poursuit le quotidien espagnol.

“Le quinquennat d’Emmanuel Macron est-il déjà fini ?”

La presse française est également très critique. “Quel aveu de faiblesse !”, s’exclame Jean-Marcel Bouguereau dans La République des Pyrénées. “Le gouvernement ne dispose pas d’une majorité absolue pour faire passer la réforme phare du quinquennat”, poursuit-il, estimant que “c’est une énorme crise politique qui s’annonce”.

“Gain politique zéro, coût social majeur. L’échec d’une tactique signe, qui plus est, la solitude criante du président”, écrit Florence Chédotal dans La Montagne. “À présent, comment reprendre la main quand la mère des réformes se solde de la sorte ?”, se demande-t-elle, évoquant une “séquence désastreuse où s’épaissit le brouillard”.

“Emmanuel Macron s’est lui-même coincé dans une impasse politique”, constate Patrick Jankielewicz dans La Voix du Nord. “S’il fallait sauver la réforme des retraites, il n’y avait qu’une façon de le faire : il fallait aller jusqu’au vote. C’était bien sûr courir le risque d’être battu, mais en politique, il vaut parfois mieux tomber avec les honneurs que passer en force et sans gloire au risque de jeter de l’essence sur le brasier social”, poursuit-il.

“Une question domine déjà toutes les autres après cette journée historique : onze mois après son commencement, le quinquennat d’Emmanuel Macron est-il déjà fini ?”, s’interroge Maurice Bontinck dans La Charente libre, pour qui l’usage du 49.3 “résonne comme un aveu de faiblesse de ce qu’il convient d’appeler aujourd’hui ‘la minorité présidentielle'”.

“Le goût de l’échec”, titre pour sa part Yves Thréard dans Le Figaro, qui estime également que “l’exécutif est plus que jamais affaibli”.

“Crise de régime”

Même constat pour Christophe Lucet, dans Sud-Ouest, pour qui “c’est un tandem affaibli qui va devoir gérer l’après”. “La colère syndicale et populaire qui s’est intensifiée hier, après la séance avortée au Palais Bourbon, est grosse de menaces. Avec, dans le pire des cas, un blocage prolongé du pays. Et sinon, une rancœur qui trouvera d’autres motifs pour s’exprimer, bridant la volonté réformatrice du gouvernement”, met en garde l’éditorialiste.

Même inquiétude pour Libération, dont l’éditorial de Dov Alfon estime que “c’est dans l’instabilité que (la) réforme des retraites mal acquise pousse la France, sa démocratie et ses travailleurs”. “Le président pourrait sauver les meubles en annonçant que la loi sera abrogée après ce passage antidémocratique. Mais ce n’est pas son genre d’écouter les Français”, regrette-t-il.

“Y a-t-il encore un pilote dans l’avion élyséen, responsable et les pieds sur terre, pleinement conscient du chaos qu’il est en train d’installer dans son propre pays ?”, s’interroge Olivier Biscaye de Midi libre. “Emmanuel Macron voulait marquer l’Histoire, il vient de décrocher le pompon de la pantalonnade”, fustige-t-il.

“Crise de régime”, titre pour sa part Maud Vergnol dans L’Humanité. “Avec ce nouveau recours au 49.3, le divorce entre nos institutions et le peuple est consommé, acmé d’une crise rampante de délégitimation du pouvoir politique, ouvrant une voie royale aux tentations autoritaires. L’incendiaire de l’Élysée est l’unique responsable de cette situation”, estime-t-elle.

Avec AFP

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