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Un ennemi devenu ami

À première vue, il est le parfait politicien de l’opposition – tout en colère et en condamnation lorsqu’on parcourt ses réseaux sociaux ou qu’on l’écoute parler devant un rassemblement de ses partisans.

Igor Dodon, ancien président de la Moldavie et l’un des hommes politiques les plus en vue du pays, ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de s’en prendre à la présidente sortante Maia Sandu ou à son parti au pouvoir, le PAS, qu’il accuse d’avoir transformé la Moldavie en dictature. Passant couramment du russe au roumain, il a fait le tour de la Moldavie en appelant ses partisans à “envoyer un message clair aux autorités pour leur dire qu’elles ne sont plus légitimes”. Ses positions anti-occidentales lui ont même valu la réputation d’être l’homme politique le plus pro-russe de Moldavie, qui est arrivé au pouvoir en capitalisant sur une photo avec le Russe Vladimir Poutine et a été le seul invité d’honneur étranger de M. Poutine lors d’un défilé militaire à Moscou en 2017.

M. Dodon a perdu face à M. Sandu lors du second tour en 2020 et est à la tête du plus grand parti d’opposition, le Parti socialiste, qui a largement utilisé sa tribune au Parlement national pour critiquer le régime au pouvoir à Chisinau. Les attaques verbales de M. Dodon visent, entre autres, les hobbies de M. Sandu tels que l’intégration européenne, la lutte contre la corruption ou la prise de distance avec la Russie. Dans un message récent sur Telegram, M. Dodon a qualifié Mme Sandu de “Gorbatchev moldave”, soulignant la similitude entre les deux hommes politiques qui étaient “mal aimés dans leur pays… mais applaudis à l’étranger”.

Les autorités ont riposté par des persécutions judiciaires : au cours de la seule année écoulée, les tribunaux moldaves ont été saisis de trois affaires pénales contre M. Dodon, dans lesquelles il est accusé de divers délits allant de l’utilisation de faux documents à la corruption en passant par la trahison. M. Dodon répond en invoquant des persécutions politiques et porte fièrement le titre officieux de “premier ex-président sur le banc des accusés”.

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Mais au-delà de cette querelle politique classique entre ennemis jurés dans une ancienne république de l’URSS, il y a peut-être quelque chose qui indique où se trouvent les véritables préférences de M. Dodon. Si l’on écarte la rhétorique anti-Sandu de son parti, on constate que M. Dodon est prêt à coopérer et à jouer le jeu avec un camp qui, on peut le supposer, ne fait pas de prisonniers.

Peu après les élections locales de novembre 2023, où le parti PAS de Mme Sandu a obtenu des résultats désastreux, perdant face aux forces d’opposition dans les 11 plus grandes villes de Moldavie, les critiques ont commencé à mettre en évidence un phénomène surprenant. Le parti socialiste de M. Dodon sur le terrain a soudainement commencé à voter en tandem avec les fonctionnaires locaux du PAS, permettant ainsi à ce dernier d’obtenir des postes clés dans les administrations locales.

Interrogé sur ce revirement inhabituel, M. Dodon a réfuté les rumeurs de coalitions forgées avec ses adversaires politiques que lui et son Parteigenossen socialiste aiment accuser de plonger la nation dans la ruine et le délabrement. “Les socialistes n’ont pas l’intention de renoncer à leur programme. Nous continuons à nous battre pour que Maia Sandu et le PAS soient chassés du pouvoir. Le vote conjoint… au niveau local sur certaines questions ne signifie pas que des coalitions sont en train de se former. Nous analyserons toutes ces situations, nous examinerons chaque cas particulier et nous prendrons les décisions qui s’imposent…. Nous n’avons pas l’intention de former des alliances avec le PAS”, a déclaré M. Dodon dans l’une de ses récentes interviews.

Mais quelle que soit la raison que M. Dodon est prêt à offrir à ses partisans déconcertés et à ses amis à Moscou, les actions de son parti sont manifestement plus éloquentes que les mots. S’il y a une personne que Mme Sandu peut remercier pour avoir contrôlé les dégâts de l’humiliante performance de son parti lors des dernières élections, c’est bien son ennemi juré, Igor Dodon. Cette tournure particulière est un facteur important que les décideurs européens doivent garder à l’esprit lorsqu’ils traitent avec la personne qui siège à Chisinau – le paysage politique de la Moldavie est fluide, imprévisible et ne se prête pas à un calcul minutieux.

1 Comment

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