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À Madagascar, une crise alimentaire causée par des phénomènes climatiques exceptionnels

Le fort déficit pluviométrique et la multiplication de vents de sable ont provoqué une très forte chute des récoltes dans le sud de Madagascar, une zone aride dans laquelle l’agriculture vivrière joue un rôle essentiel. La population locale se retrouve démunie et ne peut compter que sur l’aide alimentaire pour tenir au cours des prochains mois.

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Les Nations unies ont annoncé début mai que plus de 1,1 million de personnes du Grand Sud de Madagascar se trouvent en situation d’insécurité alimentaire grave. Et selon un récent communiqué, certaines zones vivent d’ores et déjà un scénario encore plus dramatique, proche de la famine, à l’instar du district d’Amboasary Atsimo, dans lequel “près de 14 000 personnes sont en situation d’insécurité alimentaire catastrophique”.

Gaëlle Borgia, correspondante de France 24 à Madagascar, s’est récemment rendue dans la région d’Anosy, qui comprend le district d’Amboasary Atsimo, pour raconter la détresse des habitants menacés par la faim et les raids de pillards qui convoitent leurs rares cultures. “Les populations sont obligées de creuser la terre pour trouver des tubercules, pour pouvoir survivre. Elles en sont réduites à manger des larves de criquet qui n’ont aucune valeur nutritive”, constatait-elle alors sur place.

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>> À voir : Madagascar, au bout de l’espoir

Les mises en garde et les appels à l’aide se succèdent depuis plusieurs mois. David Beasley, directeur du Programme alimentaire mondial, a ainsi prévenu, le 25 juin sur Twitter : “Si nous n’agissons pas au plus vite, le nombre de personnes confrontées à la famine atteindra 500 000 dans quelques mois”.

“Le visage du changement climatique”

Dans une vidéo postée le 3 juillet, David Beasley raconte son déplacement dans le Grand Sud malgache, qui vit “sa pire sécheresse depuis plus de quarante ans”. Et pour lui, “il s’agit du visage du changement climatique”. Madagascar est en effet devenu, selon ce haut responsable de l’ONU, le premier pays au monde à expérimenter la faim due à la crise du réchauffement de la planète.


Présent dans le pays depuis 2008, Xavier Poncin, directeur adjoint pour Madagascar de l’organisation Action contre la faim (ACF), confirme la gravité de la situation dans cette zone aride et pauvre, où les conditions sont traditionnellement difficiles pour l’activité agricole. “Les deux dernières années ont été marquées par un fort déficit pluviométrique”, explique-t-il à France 24. Et les tempêtes de sable ont été beaucoup plus nombreuses que d’habitude entre octobre 2020 et mars 2021, provoquant par endroits un important retard dans la croissance des cultures.

La plupart des récoltes se sont produites le mois dernier et elles ont été maigres dans cette région agricole où sont plantées des céréales, des tubercules et des légumineuses. Elles avaient déjà été mauvaises l’année précédente, ce qui a déclenché des pénuries alimentaires dès la fin de 2020. Les habitants comptent sur leurs productions pour faire la soudure entre deux récoltes. Et les réserves actuelles ne vont pas durer longtemps. “On est très inquiets pour les prochains mois, tout va dépendre du niveau d’aide humanitaire que vont recevoir les habitants “, explique Xavier Poncin.

Le retour du “kéré”

Dans les 25 cliniques mobiles déployées par ACF dans le Grand Sud de l’île pour des communautés esseulées qui ne bénéficient pas de structures médicales proches, de plus en plus d’enfants en situation de malnutrition aigüe sévère sont pris en charge chaque jour. D’autres acteurs humanitaires sont également sur le terrain et travaillent avec les agents gouvernementaux pour tenter de leur venir en aide. Ensemble, ils s’efforcent de gérer une situation certes exceptionnelle par son ampleur, mais pas nouvelle dans cette région.

“Ici, on parle de “kéré”, un mot du dialecte antandroy [l’ethnie principale qui peuple cette région] qui signifie “être affamé”. Historiquement, le premier épisode enregistré remonte à 1895 et il a été documenté par les colons français arrivés dans le sud de l’île. Depuis, on a dénombré seize épisodes similaires”, expliquait ainsi Mahatante Paubert, enseignant chercheur à l’université de Tuléar, dans une interview accordée au quotidien Le Monde. “Le “kéré” advient quand les trois régions du sud [Androy, Ihorombe et Anosy]souffrent en même temps du manque d’eau et de nourriture. C’est ce qui se passe aujourd’hui”.

L’urgence est donc d’apporter des vivres à ces habitants au fil des prochains mois. Et à plus long terme, des projets de développement visent notamment à installer dans cette zone des cultures plus résilientes face au changement climatique et moins consommatrices en eau. Car la ressource hydrique représente l’un des principaux défis pour l’avenir de la population locale, qui doit souvent être ravitaillée par camions citernes.

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